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3 mars 2007

LA FRANCE ENSEMBLEDIAGNOSTICLA FRANCE EST EN

LA FRANCE ENSEMBLE

DIAGNOSTIC

LA FRANCE EST EN CRISE…

- la France éclatée

- la montée des communautarismes

...MAIS ELLE N'EST PAS EN DECLIN

- refonder notre modèle social

- égalité des chances et solidarité

4 GRANDS AXES

1) UNE REVOLUTION CIVIQUE

- un Etat garant, réformé et impartial

- une société civile autonome

- une activité universelle

- un service civil pour tous les jeunes

- une nouvelle écologie politique

2) UNE VERITABLE DEMOCRATIE

- une 6

- des institutions de proximité clarifiées

- l’Outre-Mer dans sa diversité

- une Justice sereine et égale pour tous

3) CROISSANCE ET SOLIDARITE

- les Français ont-ils à craindre de la mondialisation ?

- de nécessaires régulations

- un débat social modernisé

- libérer l'emploi

- une solidarité refondée

4) INVESTISSEMENT POUR L'AVENIR

- l'école de la réussite

- un enseignement supérieur et une recherche d’excellence

- une culture d'ouverture

ème République

LA FRANCE DANS LE MONDE ET DANS L'EUROPE

LA FRANCE

ENSEMBLE

p. 3

p. 1

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p. 17

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p. 29

SUPPL ÉMENT DU DÉMOCRAT I E INFO N°135

2 7 N O V E M B R E 2 0 0 6

DEMOCRATIE

2

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

Le séisme du 21 avril 2002 n’a pas

déclenché le sursaut espéré : la première

émotion passée, les partis politiques

dits « dominants » sont revenus

à leur exercice favori, se

préparer à accéder, tour à tour, au

pouvoir sans prendre vraiment les

Français à témoin des grands enjeux

et des adaptations à réaliser. Après

cette première convulsion électorale,

le référendum du 29 mai 2005

a provoqué le rejet du Traité Constitutionnel

Européen que la France

avait appelé de ses voeux depuis plusieurs

années : le pays fondateur de

l’Europe était ainsi le premier à dire

non à la poursuite de l’unification de

notre continent. Chez nos partenaires,

son crédit a été durablement

affecté.

A l’évidence, les réponses et surtout

les actes politiques ne sont pas

à la hauteur des attentes de nos

concitoyens. Ils portent trop l’empreinte

du passé et d’un jeu stérile

que le Général de Gaulle en son

temps avait condamné en parlant du

« régime des partis ». En un mot, la

politique ne suscite plus guère

l’espoir de changer le monde et la

vie des hommes. Le doute qui

taraude les esprits se double même

d’une attitude schizophrénique :

ainsi, lors d’une enquête récente,

huit Français sur dix déclarent être

individuellement heureux. Et à la

question suivante, la même proportion

répond que, globalement, leurs

compatriotes ne sont pas heureux !

Ce dédoublement est bien celui d’un

pays qui doute de son avenir et de

celui de ses enfants.

Or, sans idéal, la vie politique est bien

peu de choses. Elle se ramène à une

lutte pour le pouvoir sans s’interroger

sur l’usage qu’on en fera. Autant

dire qu’elle ne présente pas d’intérêt

pour tous ceux qui espèrent pouvoir

améliorer la condition de leurs semblables.

En même temps, cet idéal

resterait un discours vain s’il n’était

pas relié à des objectifs concrets.

Car il s’agit, non seulement, de

décrire la société que nous voulons,

mais aussi, d’énoncer les grandes

étapes pour y parvenir.

C’est dans cette perspective que

s’inscrit pleinement la démarche de

l’UDF à la veille d’échéances majeures

pour la France. Celles-ci peuvent

être une formidable occasion

de renouer le dialogue et la

confiance, elles pourraient être hélas

aussi un nouvel acte manqué, aggravant

encore la rupture entre le peuple

et ceux qui le dirigent.

Ce que nous présentons aux Français,

c’est un projet et non pas un

programme.

Un projet, c’est d’abord une vision

qui résulte de l’analyse de la société

française et de sa place dans le

monde et en Europe, mais aussi des

attentes de nos concitoyens. Ce

n’est pas un système ou une idéologie

qui prétendrait donner les

réponses avant les questions, c’est

un guide pour l’action, c’est un cap

pour demain. Un programme, c’est,

au contraire, une série de mesures

que les gouvernants sont souvent

incapables d’appliquer car elles

dépendent d’un environnement (économique,

financier, social) qu’ils ont

du mal à maîtriser : ainsi de la baisse

des impôts, annoncée en 2002, et

rapidement interrompue par les

contraintes budgétaires ou de la

diminution des prélèvements, souhaitée,

mais toujours scotchée à

45% du P.I.B.

LA FRANCE

ENSEMBLE

Malgré la succession des gouvernements au

pouvoir, la France demeure déboussolée, elle

est sans repères et sans vision du lendemain.

Oubliant ce qu’elle représente dans les domaines

scientifique, culturel et économique, ne percevant

plus que les mauvaises nouvelles, elle

est aujourd’hui « l’homme malade de l’Europe ».

DEMOCRATIE

3

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

Un projet, c’est ensuite une inspiration

unificatrice, il ne s’adresse pas

à une partie, il concerne l’ensemble

des Français : il parle de tous et il

parle à tous. Un programme, c’est,

au contraire, l’expression d’une seule

sensibilité ou d’un compromis nocturne

entre des courants qui se jalousent.

Aussi, sa nature en fait plutôt

un alibi qu’un véritable engagement,

vérifiant ainsi la définition, péjorative,

que Paul Valéry donne de la politique

: « l’art d’empêcher les gens de s’occuper

de ce qui les regarde ».

Depuis le premier choc pétrolier

(1973-1975), la France est entrée,

insensiblement, dans un des cycles

dépressifs les plus longs de son histoire

récente : persistance d’un chômage

à un niveau élevé touchant particulièrement

les jeunes et les

seniors, creusement des inégalités

sociales, apparition des salariés pauvres.

Conjugués à une mondialisation

économique qui accroît la compétition

entre les nations et les

entreprises, ces faits persistants ont

développé chez beaucoup de Français

un sentiment de scepticisme,

voire de défiance à l’égard de la politique.

Ils reprochent à celle-ci de ne

pas préparer le pays à surmonter les

défis du temps présent. Cette «

impuissance publique » provoque

tout à la fois une montée de l’abstention

(notamment chez les 18 –

30 ans), des votes extrémistes plus

nombreux (à gauche comme à

droite), enfin un incessant « zapping

» frappant toute les majorités sortantes

depuis 1978. On ne peut se

satisfaire d’une telle évolution qui

mine peu à peu le socle de la démocratie

et des principes qui fondent

le République.

C’est une conception tout autre qui

nous anime, à l’image de la démarche

d’ouverture et de participation suivie

depuis deux ans. Ainsi, un premier

document d’orientation a donné

lieu, pour le Congrès de Lyon, en

janvier 2006, à plus d’une centaine

de contributions, individuelles ou collectives.

Parallèlement, une quinzaine

de colloques, regroupant des

experts d’horizons divers, a permis

de mesurer les forces et les faiblesses

de la société française et de

ses institutions et d’engager une

réflexion prospective. Le travail de

fond témoigne de l’enracinement de

notre vision dont François Bayrou a

présenté les éléments essentiels lors

du Conseil National du 10 juin dernier.

Cet outil de dialogue avec nos concitoyens,

prélude aux choix décisifs

de 2007, s’articule autour de deux

aspects :

un diagnostic synthétique, bref,

parce que largement partagé.

les grands axes qui structurent le

redressement de notre pays :

ä

Une révolution civique

ä

Une véritable démocratie

ä

Croissance et Solidarité

ä

Investissements pour l’avenir

LA FRANCE

ENSEMBLE

Ce projet dépasse les frontières classiques de la droite et de la gauche, il est destiné à rassembler, dans un

commun intérêt général, tous ceux qui y retrouvent les valeurs et les principes d’action d’une politique moderne

et rénovée. Ceci veut dire que les Français devront être directement associés aux grandes décisions, notamment

par voie référendaire ; ceci veut dire aussi que toutes les forces politiques qui se reconnaissent dans les

valeurs de la République devront être sollicitées. On ne construit rien de durable sur l’affrontement permanent,

l’histoire de ces trente dernières années qui est l’histoire de la crise la plus longue que nous ayons vécue en

est la preuve irréfutable.

DEMOCRATIE

4

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

LA FRANCE ECLATEE ?

L’impuissance de l’Etat à réduire des

inégalités sociales et territoriales, à

juguler la montée des formes les plus

dangereuses du communautarisme

conduit à un risque d’éclatement du

corps social.

- La fracture territoriale frappe aussi

bien les grandes aires urbaines, la

province dans ses relations avec

Paris, les campagnes qui tentent d’échapper

à la dévitalisation. Pour certains

de nos concitoyens, la recherche

d’un emploi, l’accès à un service

public de qualité, la permanence des

soins, le raccordement au haut débit

relèvent plus du parcours du combattant

que de l’offre égale et diversifiée

d’un pays moderne.

Si le « désert français » n’est pas,

heureusement, une réalité, de fortes

disparités subsistent, qui font

craindre l’apparition d’une France à

deux vitesses. Ainsi, quatre régions

(Ile de France, Rhône-Alpes, Provence-

Alpes-Côte d’Azur, Nord-Pasde-

Calais) sur 22 concentrent plus

de la moitié du PIB. L’Ile de France

et Paris représentent, à elles seules,

29 % de la richesse nationale

pour 19 % de la population : 50 %

de la TVA y sont collectés, une entreprise

de 100 salariés sur trois y a

son siège social, la proportion de

cadres et d’ingénieurs est deux fois

supérieure à celle de la province.

Enfin, la desserte des territoires est

toujours inégalement assurée (par

train, par avion ou par route), creusant

ainsi les écarts avec les couloirs

européens les plus favorisés.

- La fracture sociale et urbaine atteint

un niveau de gravité préoccupant.

Les disparités au sein des agglomérations,

entre ville centre et périphérie,

conduisent à l'isolement,

voire à l'exclusion, de certains quartiers,

dénommés pudiquement « sensibles

» (près d'un millier, selon le

ministère de la ville), secoués, à l'automne

dernier, par des émeutes

urbaines d'une rare violence. L'accumulation

de difficultés (chômage,

surpeuplement des logements,

concentration de familles immigrées,

urbanisme exclusivement dédié à

l'habitat...) depuis des dizaines d'années

rend les solutions à mettre en

oeuvre plus coûteuses, plus longues

et plus aléatoires.

Alors que durant la reconstruction

économique du pays, la croissance

et le plein emploi ont assuré une

redistribution des revenus, la

machine à fabriquer des inégalités

s’est remise en marche depuis les

années 80. « L’ascenseur social est

en panne, j’ai pris l’escalier »,

explique lucidement Aziz Senni,

jeune créateur d’entreprise. Le chômage

des jeunes demeure élevé

(22% de la tranche d’âge) et, parallèlement,

le taux d’activité des plus

de 50 ans est parmi les plus faibles

d’Europe : avec l’allongement de la

vie, on a là tous les ingrédients d’une

crise sociale majeure. Malgré l’effort

consacré à la protection sociale

(30% de son PIB), notre pays n’a

pas réussi à lutter efficacement

contre la pauvreté, l’exclusion et les

diverses formes de précarité qui font

l’incertitude du lendemain. 3 millions

de personnes sont mal logées, 4

millions vivent sous le seuil de pauvreté

(dont 1 million d’enfants), un

ménage sur 9 bénéficie des minima

sociaux. Enfin, l’isolement n’a peutêtre

jamais touché autant de personnes

: femmes seules après rupture

de la vie conjugale, personnes

âgées oubliés par leur famille, jeunes

laissés pour compte. Cette solitude

marque bien la déshumanisation

de notre société et

l’affaiblissement du lien social.

LA MONTEE

DES COMMUNAUTARISMES

Dans sa géographie, dans son peuplement

et dans sa culture, la France

est diverse. Et cette diversité est évidemment

une richesse. Pourtant,

au-delà de ces apports multiples,

LA FRANCE

ENSEMBLE

LA FRANCE EST EN CRISE …

Comment va la France ? Cette question, que chacun se pose, peut

recevoir deux types de réponse : celle des statistiques (taux de croissance,

chiffres du chômage, niveau des déficits publics, balance commerciale)

décrit la réalité économique et sociale. Au-delà, celle du

vécu, de l’expérience humaine exprime une sorte de « déprime collective

», selon l’expression de Gilles Lipovetsky. Autour de nous,

beaucoup de gens ressentent un malaise diffus, on entend dire que

le monde d’aujourd’hui est plus dur qu’autrefois. Certes, la France

travaille et produit, des hommes s’investissent, dans leur entreprise,

leur administration ou leur association. Mais, globalement, le pays

appréhende les aléas et les choses du futur. Notre modèle républicain

sur lequel se rassemblait une large majorité vacille …

DIAGNOSTIC

DEMOCRATIE

5

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

qui doivent à l’héritage judéo-chrétien

comme à l’esprit des Lumières

et aux courants laïques, qui pourrait

nier l’existence d’une identité française

façonnant notre singularité

dans le monde ? Au coeur de ce

patrimoine commun, se trouvent les

notions d’égalité et d’unité : la première

implique la même chance d’être

distingué par le mérite et les

talents, la seconde appelle une

logique d’intégration, fondée sur des

valeurs partagées faisant que ce qui

rassemble est plus fort que ce qui

divise. Or, à plusieurs signes, ce

modèle, fédérateur sans être contraignant,

s’effrite sous les coups de

boutoir de particularismes d’inspiration

variée. Ceux-ci vont des phénomènes

de bandes à la constitution

de groupes identitaires voire

communautaristes revendiquant, sur

une base ethnique, religieuse ou

comportementale, une reconnaissance

spécifique. L’apologie de la

violence, rejet de l’autorité, négation

de l’égalité entre les sexes, exaspération

des désirs et des passions,

intégrisme « purificateur » et manichéen

: la gamme est très étendue.

Pourtant comme l’affirme à juste titre

Régis Debray, « aucune loi ne peut se

prétendre supérieure aux lois de la

République ». Peut-on supporter sans

risque que des groupes se constituent

autour de principes et d’attitudes

ouvertement contraires au socle

culturel de notre civilisation et revendiquent

ensuite un statut distinct faisant

échapper aux obligations communes

? Si ce qui différencie vaut

plus que ce qui unit, à quoi servent

des règles que certains auraient pour

objectif affiché de vouloir transgresser

? L’intérêt particulier, fût-il respectable,

ne saurait faire échec à l’intérêt

général.

Ces interrogations traversent la

société tout entière et expliquent l’aspiration

à une restauration des valeurs

qu’éprouvent nos concitoyens. Il est

vrai que les réponses fournies jusqu’ici

ne sont guère satisfaisantes.

Ainsi, un discours fallacieux sur une

prétendue modernité invite à admettre

comme souhaitable cette société

puzzle dans laquelle la satisfaction des

désirs et du seul épanouissement

personnel ne rencontrerait aucune

limite. Nous ne le pensons pas. Car

une telle évolution se ferait au prix d’un

délitement social mais aussi s’une

marchandisation plus propices au

triomphe du plus riche et du moins

scrupuleux qu’à la protection des plus

vulnérables.

De même, la tendance naturelle des

gouvernements à catégoriser les Français,

à « saucissonner » les problèmes

pour y apporter des réponses

ponctuelles produit de funestes conséquences

: on l’a ressenti cruellement

lorsqu’il s’est agi de relever de grands

défis : la santé, les retraites, par exemple.

Au lieu de mobiliser la solidarité

nationale par un effort équitablement

réparti, des réformes partielles ont

provoqué une crispation autour des

avantages acquis. Le même constat

peut être fait à propos de l’emploi qui,

depuis trente ans, a suscité des mesures

aussi catégorielles qu’inefficaces.

Le comble a été atteint, pour les jeunes

de 16-25 ans, avec le CPE. Pour

nous les Français ne doivent pas être

traités en assistés mais en citoyens

responsables.

LA FRANCE

ENSEMBLE

... MAIS ELLE N’EST PAS EN DECLIN

Camus écrivait que « la seule fatalité

dans l’histoire est celle que nous y

mettons ». Notre pays n’est voué,

en effet, ni à la paralysie ni au déclin.

Rien dans son histoire ne le

condamne au doute qui le traverse

aujourd’hui.

La France a surmonté bien d’autres

épreuves dans un passé récent.

Ainsi, après l’humiliante défaite de

1940 et l’occupation, le pays a su,

à la fois, se reconstruire économiquement,

retrouver son rang dans

le concert des nations libres et jouer

un rôle moteur dans la construction

européenne. C’est pourquoi, si nous

le voulons et si nous nous en donnons

les moyens, la France surmontera

la crise actuelle qui est une

injure et une blessure à son génie.

Notre ennemi, c’est la résignation et

la soumission. Notre allié, c’est la

richesse et la vitalité de notre peuple

qui ne demandent qu’à être stimulées

:

ä

retrouver la chemin de la croissance

et créer des emplois

Pour créer des emplois et

ä

publique et réduire notre endettement

Pour maîtriser la dépense

ä

confiance, une société plus juste

et plus solidaire

Pour construire, dans la

ä

qui garantissent une véritable

démocratie

Pour refonder des institutions

ä

la réussite et d’une recherche de

rang mondial

Pour disposer d’une école de

ä

politique qui préserve la planète

Pour promouvoir une écologie

ä

qui soit un espace de

paix, de liberté et d’équilibre dans

le désordre du monde

A énoncer ces objectifs, on voit bien

qu’on est à la fin d’un cycle. Une

époque nouvelle s’ouvre, qu’il faudra

vivre sans arrogance et sans

complexe.

Il est de bon ton de brocarder le

« modèle français », à l’étranger mais

Pour édifier une Europe démocratique

DEMOCRATIE

6

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

aussi en France. Certains nous somment

de renoncer à la vocation universelle

du message français et de

nous rallier à une conception atlantiste.

Mais y souscrire, ce serait

abandonner la portée des droits de

l’homme et de la dignité qui doit s’attacher

à toute personne humaine.

La pente naturelle du monde, ce

n’est pas la tolérance, la fraternité

et l’égalité, c’est le règne de la puissance,

de l’argent et des privilèges.

De Voltaire à Jaurès, de Condorcet

à Briand, la France s’honore à défendre

un idéal de résistance à l’oppression,

sous toutes ses formes et

en tous lieux. En proposant un projet

aux Français, nous agissons pour

notre pays mais aussi en pensant

aux autres, dans une vision généreuse

et pas seulement hexagonale.

REFONDER

NOTRE MODELE SOCIAL

Certains, constatant ses imperfections

et ses faiblesses, plaident pour

une rupture radicale à l’égard du

modèle social qu’ils estiment

dépassé. Mais ils se gardent bien

de décrire sur quelles valeurs l’autre

serait fondé : le procès de l’inefficacité

n’instruit pas de lui-même la

défense d’un modèle alternatif. A

moins que ces critiques empressées

se gardent, volontairement, d’en faire

l’illustration. Ira-t-on chercher dans

les pays scandinaves les vertus dont

on déplore l’absence dans notre

pays ? Ou bien, la société américaine

fournira-t-elle l’exemple idéalisé

que cherchent confusément les

adeptes du libéralisme pur et dur ?

Ce silence, voulu ou non, est éloquent

: il désigne l’impasse à laquelle

nous conduirait toute imitation servile

ou tout emprunt artificiel.

Car c’est dans ses traditions et dans

ses valeurs que notre pays doit trouver

réponse aux nouveaux défis.

Cela n’exclut pas l’étude, voire la

transposition, de solutions mises en

oeuvres efficacement ailleurs. Mais

sans renoncer à notre identité. Celleci

est d’abord le fruit d’une histoire,

souvent mouvementée mais marquée,

en même temps, par le regret

perpétuel de nos déchirures et

l’espoir de les surmonter. Elle est

aussi le fruit d’un destin à partager,

d’un avenir à construire ensemble.

Cette double origine, tournée vers

le passé et vers le futur, nous conduit

à retrouver l'inspiration du modèle

français en l’enrichissant de la contribution

des jeunes générations.

EGALITE DES CHANCES

ET SOLIDARITES

Ce qu’on peut reprocher au modèle

français, ce n’est pas d’être inadapté

à la société d’aujourd’hui, c’est d’avoir

abandonné ses deux sources

principales : l’égalité des chances

et la solidarité.

- L’égalité des chances, est la faculté

offerte à chacun d’être distingué

selon ses mérites, sa créativité, son

ardeur au travail, et non selon sa

naissance, ses relations ou sa fortune.

Cette méritocratie républicaine

a permis une relative mobilité sociale,

un certain renouvellement des élites

: elle laissait aux parents l’espoir légitime

de procurer à leurs enfants des

conditions de vie meilleures. C’est

d’abord à l’école que se joue cette

égalité des chances. Celle-ci doit

inclure une égalité des droits : souvenons-

nous de Jules Ferry disant

avec des mots qui n’ont pas pris une

ride : « avec l'inégalité d'éducation,

je vous défie d'avoir jamais l'égalité

des droits, non l'égalité théorique,

mais l'égalité réelle, et l'égalité des

droits est pourtant le fond même et

l'essence de la démocratie ». C’est

à l’université, ensuite. Mais elle se

joue aussi dans l’accès à l’emploi,

à la première expérience ou, plus

tard, à la reconversion professionnelle.

Elle se joue enfin dans la

reconnaissance d’une « seconde

chance » à celui qui a galéré, qui a

subi des échecs qu’il faut cessé de

considérer comme définitifs.

Cette conception impose de promouvoir,

à l’école, comme dans l’entreprise,

au sein des administrations comme

dans le monde du sport et des arts,

tous les moyens (pas seulement

financiers) de détecter les talents,

de faire bénéficier la collectivité de

la diversité des intelligences et des

sensibilités. Elle conduit aussi à une

approche moins académique, plus

ouverte et plus souple de l’aptitude

scolaire et de l’épanouissement des

individus. Elle est à l’opposé de tous

les préjugés qui se fondent sur l’âge,

l’apparence, le handicap, le sexe ou

le patronyme.

L’égalité des chances s’accorde mal

avec la discrimination, même « positive

», présentée comme une possibilité

de corriger à la marge les défauts

de notre système mais qui n’est, au

fond, que l’aveu d’un échec et l’acceptation

du statu quo, habillement

médiatisée. Pourquoi devrait-on

admettre leur caractère inéluctable ?

En outre, ce type de discrimination,

même fondée sur des objectifs louables,

développe une politique de catégories

et de quotas, funeste à la cohésion

nationale. Il ne peut y avoir

plusieurs types de citoyens ! Déjà, ne

sent-on pas monter parfois une « peur

des jeunes » ? Ce serait, si elle s’étendait

un « séisme fort » (Père Guy

Gilbert), dans une société vieillissante.

Notre ambition, c’est le rétablissement

de l’égalité des chances, pour tous

et partout.

- La solidarité mérite aussi d’être

revisitée. Elle s’est trop souvent traduite

par un assistanat permettant

de préserver une paix sociale compromise

par la montée des exclusions.

Mais, outre son efficacité discutable,

cette politique, prolongée

trop longtemps, a maintenu dans la

dépendance un grand nombre de

personnes, sans respecter leur

dignité : elle a ainsi engendré,

comme le reconnaît Jacques Delors,

une « culture de la dépendance et

de l’irresponsabilité ». La solidarité

nationale qui sollicite un effort proportionné

de tous, doit connaître sa

juste contrepartie : celui qui reçoit

doit prendre conscience de ses

droits mais également de ses devoirs

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

7

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

envers la communauté.

C’est précisément un nouvel équilibre

entre responsabilité individuelle et solidarité

collective qu’il faut retrouver.

Faute de quoi, il y aura, pour longtemps

encore, des générations sacrifiées,

à l’écart du monde du travail.

Or, il n’y a pas de véritable insertion

sociale sans insertion professionnelle

: l’emploi est un élément essentiel

de l’estime de soi, de la confiance

en soi.

LA FRANCE

ENSEMBLE

En réponse à ceux qui veulent emprunter à d’autres pays leur modèle et rompre avec nos principes républicains,

nous proposons la refondation nécessaire de notre modèle social pour affronter les défis de notre temps.

C’est donc un projet humaniste, exigeant et généreux, qui nous anime : construire ensemble la France de

demain.

Pour cela, il faut rompre avec la spirale du pilotage à vue qui ne permet aucune action d’envergure. Ni culpabilité

masochiste ni arrogance stérile mais la conviction qu’une autre voie est possible. Comme le disait déjà

Démosthène à ceux qui doutaient de son existence, la réponse la plus vraie est de « ne pas faire ce que vous

faites actuellement ». Cela conduit à rompre aussi avec la division artificielle du pays en deux clans, dont l’un

se croit obliger de dire noir dès que l’autre a dit blanc…

UNE REVOLUTION CIVIQUE

La société française a beaucoup changé. Dans sa structure sociologique

et démographique, dans ses rythmes et dans ses modes de vie,

dans son ouverture aux technologies de la communication, dans le

niveau d’informations dont elle dispose désormais. Elle l’a fait bien

plus vite et profondément que son paysage administratif. C’est là

l’une des causes du « mal français ». Il est vrai que c’est l’Etat qui a

fait l’unité de la France, par un effort multiséculaire de centralisation

et de lutte contre les féodalités et les particularismes : il y a là une singulière

continuité, de l’Ancien Régime à l’Empire et à la 3ème République.

Ce lien indissoluble entre l’Etat et la Nation ne saurait disparaître.

Mais il doit évoluer, sous peine de nous condamner à

l’immobilisme et au repliement. C’est toute la question des missions

de l’Etat et de son rapport avec la société civile qu’il faut poser, dans

une vision modernisée de l’un et de l’autre.

4 GRANDS AXES

UN ETAT GARANT

La question du rôle et du périmètre

de l’Etat est souvent évoquée mais

jamais tranchée de manière claire.

Cette indécision est doublement nuisible

: à son efficacité mais aussi aux

conditions de travail de ses agents,

ballottés entre la critique et le doute.

L’Etat est nécessaire mais il ne doit

ni ne peut tout faire. Comme l’écrivait

déjà Durkheim, « si l’Etat est partout,

l’Etat est nulle part ».

- La crise de l’Etat-providence : dans

tous les pays occidentaux, le rôle, le

périmètre, les méthodes de l’Etat ont

évolué : partout, cette modernisation

a été considérée comme souhaitable

pour accompagner la mutation de la

société. En France au contraire, cet

aggiornamento s’accompagne d’une

crispation douloureuse. Il est vrai que

les vagues de décentralisation (1982,

2004) ont été ressenties comme une

amputation plus que comme la recherche

d’une nouvelle raison d’être, d’un

équilibre différent : le discours sur l’Etat

est trop souvent négatif (compression

du budget et des effectifs)

et le management est tout sauf participatif.

L’Etat employeur n’a pas la

réputation de bien traiter ses propres

agents !

Les conséquences de cette inadaptation

sont funestes. L’Etat, occupé

sur tous les fronts, a du mal à remplir

ses missions essentielles, il sacrifie,

par l'endettement et le déficit, le

long terme au court terme. Dans ces

conditions, comment agir de manière

cohérente et juste, comment identifier

les responsabilités de chacun

des services ? Paradoxalement,

cette présence dispersée alimente

une demande sociale à l’égard de

l’Etat. Pour nos concitoyens, celuici

devrait prémunir contre tous les

risques, assurer l’exercice de toutes

les formes de solidarité, amortir

les chocs du futur et réparer la casse

1

DEMOCRATIE

8

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

sociale de la mondialisation. La solution

n’est plus dans cette polyvalence

trompeuse mais dans une présence

forte dans ce qu’il a de plus utile.

- Un Etat moderne : ce n’est pas un

Etat modeste mais un Etat déterminé

à exercer ses responsabilités avec

efficacité et au service des citoyens :

Sécurité (aux frontières comme

sur le territoire)

Justice

Grandes solidarités : éducation,

aménagement du territoire, protection

sociale.

Recherche et innovation.

UN ETAT REFORME

La dette (plus de 2000 milliards d’euros

si l’on y intègre les engagements

de l’Etat sur les retraites des fonctionnaires)

handicape l’ensemble de

l’économie française. Elle est une

charge insupportable pour les futures

générations. Sa réduction est

donc un impératif moral. Elle requiert

la mise en oeuvre de plusieurs leviers

: constitutionnel d’abord afin d’interdire

que le déficit budgétaire résulte

des dépenses de fonctionnement.

Organisationnel ensuite parce que la

« réforme de l’Etat » ne se résume pas

à sa seule invocation. Plusieurs pistes

doivent explorées afin d’améliorer

les performances de l’administration

française et de renforcer le service au

public : faire de l’ENA une école de

management des cadres ; faciliter la

mobilité des fonctionnaires d’une

administration à l’autre afin de permettre

un redéploiement conforme

aux priorités ; limiter le remplacement

des personnels partant à la retraite ;

diversifier les recrutements et encourager

la formation permanente ; favoriser

la performance sur la base de

contrats d’objectifs négociés. Cette

première orientation devra s’accompagner

d’une réflexion plus large

concernant certaines missions de l’Etat,

notamment la défense. Ce budget,

aujourd’hui « sanctuarisé », repose

sur une doctrine, spécialement dans

le domaine nucléaire, qui mérite d’être

repensée dans un cadre européen

et réajustée aux menaces nouvelles

(terroristes notamment). Dans le

domaine fiscal enfin, nous devons tendre

à une meilleure égalité de tous

devant l’impôt. La multiplication des

niches et des dérogations, la survivance

d’impôts archaïques (certains

impôts locaux notamment) rend notre

fiscalité illisible, complexe et injuste.

Une remise à plat est indispensable.

Comme on le voit, il ne s’agit pas de

réduire le rôle de l’Etat à celui d’un

gardien passif et bienveillant. Au

contraire, dans ces domaines, il doit

agir avec célérité, en se donnant les

moyens de savoir, d’évaluer, de prescrire

et de sanctionner. Ainsi, se définit

une sphère publique, lieu de débat

et de la représentation des intérêts,

distincte de la sphère privée : c’est

pourquoi, nous sommes si attachés

à la loi de 1905 qui sépare toutes les

Eglises de l’Etat et sommes inquiets

de voir certains élus revendiquer, à

travers un « service des cultes » d’un

autre âge, un contrôle sur la formation

des imams.

UN ETAT IMPARTIAL

Mais si le marché ne remplace pas

l’Etat, celui-ci ne saurait être colonisé

par un parti ou un clan. Dans

cette perspective, nous proposons,

par exemple, que la liste des emplois

à la discrétion du Gouvernement soit

singulièrement limitée, que des auditions

publiques précèdent le choix

à de nombreux postes de responsabilité

et que le Conseil d’Etat soit

aussi au service du Parlement dans

ses attributions consultatives. Impartial,

c'est-à-dire juste et neutre, voilà

ce que l’on est en droit d’attendre

de l’Etat au service de tous. Ces

jalons ne prendront tout leur sens

que dans une rénovation des institutions

évoquée plus loin.

UNE SOCIETE CIVILE AUTONOME

Ce serait, pour reprendre l’expression

forgée par Alain Peyrefitte, une

« société de confiance ». Une société

dans laquelle tout ce qui n’est pas

interdit est permis (sans attendre

une réglementation tatillonne). Une

société dans laquelle les mêmes

règles s’appliqueraient, à l’Etat

comme à l’ensemble des citoyens.

Mais aussi une société où la liberté,

notre bien le plus précieux, se conjuguerait

avec l’exercice de la responsabilité

de tous nos actes.

Ce couple indissociable : liberté -

responsabilité fait de chaque homme

un acteur de son propre destin. Il

implique une acceptation (on pourrait

même dire une culture) du risque

assumé. Certes, toute communauté

organisée a besoin d’une protection

contre les grands dangers que les

institutions publiques doivent assurer.

Mais cette protection nécessaire

ne saurait garantir contre tout. Elle

rencontre la limite de notre condition

d’homme libre et non de sujet.

Chacun doit être en mesure de prendre

des risques raisonnables et d’en

accepter les conséquences sans les

rejeter sur la collectivité.

A ces conditions, une société civile

dynamique est un contrepoids naturel

à l’envahissement bureaucratique

comme « aux lois du marché » qui

ignorent toute valeur (autre que marchande)

et sont imperméables à

toute éthique. Fondamentalement,

la clé réside dans cette double aspiration

à l’épanouissement personnel,

au bien-être et à l’adhésion à

des valeurs collectives qui fondent

la solidarité. L’un et l’autre sont

respectables et nécessaires. La formidable

conquête de l’individualisme

ne saurait être remise en cause :

mais elle ne signifie ni indifférence

ni mépris pour les autres. Au

contraire, la meilleure façon de réussir

sa vie est d’en consacrer une part

aux autres : ainsi s'affirme la double

dimension, individuelle et sociale, de

chaque homme.

Le but de l’action publique n’est-il

pas de libérer le potentiel que chacun

d’entre nous détient ? Plusieurs

initiatives peuvent y concourir.

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

9

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

UNE ACTIVITE UNIVERSELLE

Quelles qu’en soient les causes

(chômage, maladie, divorce, isolement),

la pauvreté et l’exclusion ont,

sur ceux qu’elles frappent, parfois

rapidement, des conséquences déstabilisatrices

profondes. Celles-ci

mettent en péril aussi la cohésion et

la performance de la société tout

entière. On ne saurait donc trouver

aucune justification à une telle situation.

De toutes les inégalités, celle devant

l’emploi est la plus injuste. Car le

sentiment d’être inutile, de ne plus

être reconnu, au moment où l’on est

en âge de travailler, conduit souvent

à perdre et l’estime de soi et tout

lien avec ses semblables. C’est dire

qu’il faut une mobilisation nationale

pour inverser un mouvement commencé

il y a plus de trente ans. Il

faut aussi rompre avec la politique

antérieurement suivie. Car on ne lutte

pas efficacement contre l’exclusion

en allouant des minima sociaux : on

n’est pas quitte en attribuant un

chèque à quelqu’un. La dépendance

est une atteinte à la dignité.

A tous ceux qui sont ainsi dans la

difficulté, il faut demander : « que

pouvez-vous faire pour vos semblables,

en quoi pouvez-vous être utile

à votre pays ? » Il y a, dans la

société, tant de besoins qui ne sont

pas ou incomplètement satisfaits :

dans l’ordre de la sécurité, de l’aide

aux familles, de l'accompagnement

des personnes dépendantes, du

soutien scolaire, de l’entretien du

patrimoine et des paysages, de la

propreté des villes … Ces tâches

concernent les collectivités locales

et le monde associatif, et non le secteur

marchand. Elles seront la

contrepartie à l’octroi de toute allocation

et justifieront alors une rémunération

complémentaire.

La réussite d’un tel effort d’insertion

suppose naturellement un accompagnement

et un encadrement sans

précédent, impossibles sans l’appel

à des volontaires, en grand nombre.

Précisément, au moment où vont

partir à la retraite les générations du

baby-boom, on pourra compter sur

tous ceux qui, ayant acquis une expérience,

ont le temps et la volonté de

servir. Cela renforcera d’ailleurs une

solidarité mise à mal par le creusement

des inégalités.

UN SERVICE CIVIQUE POUR

TOUS LES JEUNES

Qui peut nier que l’échange, la

confrontation des origines et des

expériences soit utile ? L’établissement

d’un service civique obligatoire

et universel de 6 mois, l’UDF a été

la première à le demander. Car ce

brassage, ce changement d’horizon,

couplés avec l’accomplissement

d’une activité d’intérêt général, sont

nécessaires aux jeunes et, à travers

eux, au pays lui-même : ils affirmeront

leur personnalité, nuanceront leurs

certitudes et favoriseront ainsi leur

entrée dans la vie active ou universitaire.

Garçons et filles de 18 ans

ont besoin en effet de sortir du cocon

familial, de sentir la diversité de la

société et à fortiori de briser les barrières

qui entourent le ghetto de certains

quartiers.

Les domaines où ils pourront être

utiles, en s’aguerrissant au contact

d’autres jeunes, sont vastes : surveillance

et prévention (massifs

forestiers, baignades), sécurité et

accueil dans les lieux publics (transports

en commun, gares, aéroports,

centres commerciaux), encadrement

renforcé dans les collèges et les

lycées... Proposer à tous les jeunes

ayant grandi dans notre pays,

ce service civique qui pourrait être

effectué en deux périodes, c'est tisser

du lien social, à une périodecharnière

de la vie. Cet engagement

fort de la jeunesse au service de

notre société doit évidemment

connaître une juste compensation

en terme de validation des acquis,

d’aide aux études…

Mais cet outil a besoin d’une grande

légitimité. Aussi, il sera soumis à un

référendum pour lui conférer le sens

et la portée de la décision la plus

démocratique qui soit.

UNE NOUVELLE ECOLOGIE

POLITIQUE

Notre pays a donné une valeur constitutionnelle

à la « Charte de l’environnement

». C’est louable. Mais

c’est loin d’être suffisant. Il y a

encore un fossé entre l’action

publique réellement conduite et les

défis écologiques qui concernent la

planète entière. Nous avons vécu

avec l’illusion de l’abondance, nous

vivons à crédit sur les générations

futures et sur les plus pauvres du

monde, ce que nous consommons

et nous produisons détériore gravement

notre santé. Ce que nous

avons à faire est immense, à la

mesure du risque mortel que nous

courons.

Le défi climatique est la plus forte

menace du siècle : la vitesse de libération

des gaz à effet de serre porte

deux grands risques pour nos sociétés

: un bouleversement climatique

(les prévisions d’élévation de température

vont de 1,5 à 5,8 °) et une

catastrophe économique, destructeurs

des fragiles équilibres observés

jusqu’ici.

La planète pourra-t-elle supporter

encore longtemps la réduction de la

biodiversité, la déforestation, les pollutions,

l’utilisation non maîtrisée de

l’énergie ? Nos concitoyens accepteront-

ils longtemps de voir leur santé

atteinte par le seul acte de consommer

?

Enfin, la répartition très inégale des

richesses entre les continents ne

permet pas d’assurer une vie digne

à chaque être humain. Ce serait

pourtant possible avec une aide

internationale représentant 0,7 %

du PIB des pays riches (PNUD,

Objectifs du Millénaire).

Notre responsabilité est donc engagée

à tous les niveaux. Le “développement

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

10

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

durable » est la seule voie permettant

de concilier les besoins du présent

avec ceux du futur. Mais il suppose

des choix !

Indépendamment de l’échelon international

et européen (le retard pris

par notre pays dans la transposition

des directives environnementales

est proprement scandaleux !), la

France doit mettre en oeuvre une

action plus résolue, dont les principaux

éléments sont les suivants :

- Un ministre de premier rang en

charge du long terme chargé d’incarner

sur le long terme cette nouvelle

écologie politique et d’en assurer

sa mise en oeuvre effective dans

une perspective rigoureuse de développement

durable.

- Un plan national Ecologique, fondé

d’abord sur une augmentation substantielle

de l’effort de recherche (nouvelles

énergies, nouveaux matériaux

…). Des économies d’énergie sont à

encourager, parfois à prescrire dans

le domaine de la construction : le volet

« bâtiment écologique » du Plan national,

secteur très porteur d’emplois,

comportera donc un renforcement

des normes pour les constructions

neuves et la réhabilitation de l’ancien

et la valorisation des travaux scientifiques

sur les maisons à énergie positive.

Les marchés publics devront

montrer l’exemple dans ce domaine,

afin de faire baisser les coûts d’installation,

aujourd’hui trop élevés, de

ces installations. Economies d’énergie

encore dans le domaine des

transports : motorisation mixte, limitation

du poids des véhicules, affichage

obligatoire de la consommation

instantanée, usage des véhicules

non-polluants par les services publics

en milieu urbain…. Ainsi que dans l’industrie

et l’agriculture.

- Les énergies renouvelables pour

lesquelles nous accusons un fort

retard (solaire, géothermie, éoliennes)

doivent être ressenties comme

une véritable priorité, non comme

une caution facile. Il faut préparer

d'ores et déjà l'après pétrole grâce

à la mise en oeuvre d’un plan pour

les énergies renouvelables qui mettra

l’accent sur les biocarburants,

l’énergie solaire thermique et photovoltaïque,

le développement de la

filière bois, de la géothermie et la

valorisation de la biomasse. Les

recherches sur les énergies du futur

comme les énergies marines, le

solaire thermodynamique, la séquestration

du CO2 ou les piles à combustibles

seront encouragées.

- Autre volet du Plan national, le «

Plan agriculture écologique » programmera

une diminution des

engrais azotés de notre agriculture

et facilitera le développement des

productions par l’utilisation de technologies

nouvelles plus favorables

à l’environnement.

- Enfin, une place toute particulière

sera faite à la lutte contre les nuisances

sonores, en particulier par

l’extension de la création de communautés

aéroportuaires, la taxation

des véhicules, notamment à deux

roues, bruyants ou le renforcement

des sanctions contre leurs utilisateurs.

La récupération des énergies

fatales (ex : chaleur produite par incinération

ou par un site industriel)

sera valorisée.

- Une fiscalité écologique (si possible

en concertation avec les autres pays

européens) est la seule manière d’inverser

significativement le cours des

choses. Nous proposons de planifier,

sur le long terme, notamment par le

biais de la fiscalité carbone, une régulation

des prix des énergies fossiles,

d’assortir les investissements réducteurs

de pollution ou de dépense énergétique

d’avantages fiscaux plus incitatifs

et de rendre plus contraignant

encore l’application du principe de précaution

et de la règle du pollueurpayeur.

Le concept de fiscalité « neutre

» a vécu. Les grands défis

environnementaux qui posent désormais

la question de la survie de notre

planète, prescrivent une révolution comportementale

complète. Dans cette

approche, les choix fiscaux sont un

levier décisif.

- Un plan en faveur de l’éducation

et de la prévention : en chaque

citoyen, et notamment en chaque

jeune, existe un potentiel considérable

de progression en matière de

respect de la nature. La formation,

à l’école comme en entreprise, l’éducation

à la santé pourraient être

avantageusement décentralisées et

placées sous la responsabilités l’élus

locaux dans le cadre d’objectifs

clairement définis (ex : « plan vie de

tous les jours écologique » fixant des

seuils de consommation, pour l’éclairage

par exemple, et des normes

énergétiques pour tous les appareils

ménagers).

- Une plus grande transparence sur

le nucléaire : la France ne pourrait

pas remplir ses engagements en

matière de gaz à effet de serre

(réduction drastique des émissions)

sans le nucléaire. Nous avons mis

au point, au prix de lourds investissements,

une filière de qualité. Néanmoins,

celle-ci comporte des risques

immédiats (sûreté des installations)

et lointains (stockage des déchets)

qu’on ne doit pas négliger. Non seulement

l’Etat doit conserver les

moyens de contrôle indispensable,

mais aussi la plus grande transparence

s’impose : publication des

informations, caractère contradictoire

des études, saisine étendue de

l’autorité de sécurité nucléaire.

- Renforcer les droits des consommateurs

: notre société n’a jamais

autant consommé, la concurrence

n’a jamais été aussi forte, l’offre n’a

jamais été aussi abondante. Il y a

inévitablement un revers à la médaille

: l’information est souvent habillement

maquillée, les comparaisons

sont souvent impossibles à faire.

Dans ce monde où l'ambiguïté et

l’approximation prévalent, les

consommateurs ont tout à la fois

besoin de garantie et de transparence,

et doivent également disposer

du droit de se défendre plus efficacement

qu’aujourd’hui. En

parallèle, les mouvements de

consommateurs qui, dans leurs

domaines d’action, contribuent à la

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

11

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

démocratie participative méritent d’être

confortés. C’est cet équilibre

entre ceux qui consomment et ceux

qui produisent et qui commercialisent,

qu’il faut consolider. Au niveau

européen et au niveau français, dans

une perspective de protection des

intérêts pécuniaires des consommateurs

mais encore de développement

durable de nos territoires et

de préservation de la santé de ceux

qui y vivent.

LA FRANCE

ENSEMBLE

Cette révolution civique embrasse bien des aspects de nos comportements individuels et de ceux des institutions.

C’est une autre logique, qui nous éloigne de schémas antérieurs qui ont eu leur mérite mais qui ne

sont plus pertinents aujourd’hui. Ce n’est pas la croissance zéro, c’est un autre modèle de développement

plus respectueux de l’environnement. Cette adaptation constante transcende les clivages.

UNE REVOLUTION CIVIQUE

Le lien indissoluble entre l’Etat et la Nation ne saurait disparaître. Mais il doit évoluer,

sous peine de nous condamner à l’immobilisme.

Un Etat impartial

- où les nominations aux plus hauts postes sont encadrées : limitation des prérogatives

de l’exécutif, confirmation parlementaire à la majorité qualifiée pour les membres

des autorités indépendantes, les membres de la Cour constitutionnelle et les

personnalités qualifiées du Conseil supérieur de la magistrature

Un Etat réformé

- qui maîtrise les dépenses publiques

Un Etat garant

- qui assure ses responsabilités et se donne les moyens de l’efficacité (information,

évaluation, mise en oeuvre et sanction) dans les grands domaines de la sécurité, de

la justice, de la recherche et de l’innovation, et des grandes solidarités : éducation,

aménagement du territoire, protection sociale

- où le pluralisme politique est protégé par la Constitution

Une nouvelle écologie politique

- pour répondre aux grands défis climatiques, nous devons inscrire l’ensemble l’action

publique et nos choix fiscaux dans une perspective de développement durable

: création d’une haute autorité environnementale ; mise en place d’un Plan national

écologique (économies d’énergie, énergies renouvelables, fiscalité écologique, agriculture

écologique…

Une activité universelle

- pour permettre aux plus fragiles de sortir de l’exclusion et de s’insérer durablement

Un service civique pour les jeunes (adopté par référendum)

- dont l’engagement au service de notre société et du lien social sera compensé

(validations des acquis, aide aux études…

DEMOCRATIE

12

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

UNE 6

ème REPUBLIQUE

Le mérite des fondateurs de la 5ème

République est d’avoir rompu avec la

valse des gouvernements précédents.

En 1958 et en 1962, le général de

Gaulle a proposé des mécanismes

clairs de direction du pays. Mais cette

architecture a été pervertie, dans les

années 80, par l’acceptation d’une

cohabitation répétée à trois reprises et

incompatible avec l’esprit des institutions

puis par le refus de tirer la conséquence

politique du 21 avril 2002 : au

gouvernement de large union nationale

souhaité par les électeurs, le Président

a préféré les vertiges d’un grand parti.

Ce que les Allemands ont fait plus tard

avec la « grande coalition », Jacques

Chirac ne l’a pas voulu, hélas ! Il est

donc temps de construire une VIe

République fondée sur un équilibre

constitutionnel retrouvé et des principes

de responsabilité et de légitimité.

- Un Président responsable : l’élection

au suffrage universel direct ne peut pas

faire du Président un observateur retiré

sur son Aventin et n’intervenant que

dans de rares occasions : elle lui

confère le devoir de définir les orientations

politiques de la nation et de veiller

à leur mise en oeuvre. Celui qui est élu

par le peuple doit diriger et assumer la

responsabilité de son action. C’est ce

qu’attendent les électeurs lorsqu’ils

choisissent leur Président. Cette fonction

de direction du pays est encore

renforcée par la réduction du mandat à

5 ans et la quasi concomitance des

élections présidentielles et législatives

(dans cet ordre).

Cette logique institutionnelle ne supporte

pas la mise en sommeil de la responsabilité

présidentielle jusqu’au renouvellement

éventuel de son mandat. Cette

démocratie à éclipse alimente largement

l’insatisfaction des Français. Ainsi, en

cas de crise ou de perte de confiance,

le droit de dissolution (qui cessera d’être

une arme de convenance comme en

1997) et le recours au référendum

(ouvert également au Parlement) permettront,

le cas échéant, de faire trancher

la situation par le corps électoral et

de redonner une nouvelle légitimité aux

autorités constitutionnelles : s’il est désavoué,

le Président de la République ne

pourra pas alors rester au pouvoir.

LA FRANCE

ENSEMBLE

UNE VERITABLE DEMOCRATIE

La coupure entre la société civile et ses institutions publiques est profonde.

Certains écrivent qu’elle est comparable, par son ampleur, à la fin

de l’Ancien Régime. D’autres disent, plus modestement, qu’elle s’apparente

au discrédit de la 6ème République, disparue en quelques semaines

sans susciter de réactions. Quoi qu’il en soit, l’ampleur des dégâts

est considérable. Les électeurs se servent d’ailleurs de toutes les échéances

intercalaires, locales et européennes, pour exprimer leur scepticisme

ou leur colère.

C’est bien un constat d’échec qu’il faut dresser. Ce sentiment de frustration

mine peu à peu l’assise démocratique sur laquelle reposent les institutions.

Fonction présidentielle banalisée, direction gouvernementale

affaiblie, majorité parlementaire pléthorique mais impuissante, élus locaux

inquiets ou désabusés, justice mise en question. C’est une autre voie qu’il

faut rechercher.

Certes, les institutions ne peuvent à elles seules garantir une pratique vertueuse

qui dépend largement des hommes qui les appliquent. Mais elles

peuvent y contribuer. D’abord, en facilitant la gouvernance du pays, dans

la stabilité et l’efficacité. Ensuite, en assurant une représentation authentique

et respectée des courants politiques et des territoires pour que batte

le pouls du pays, sans secousse ou révolution. Or, rarement le risque d’implosion

n’a été aussi grand : la société se subdivise en catégories, en groupes,

en castes, imperméables les uns aux autres. C’est une menace pour

le sentiment national. Une triple rénovation est, à nos yeux, nécessaire :

ä

pour changer de République

ä

pour clarifier la décentralisation

ä

2

pour assurer une justice sereine, égale pour tous

DEMOCRATIE

13

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

- Dans la perspective tracée, on peut

légitimement se demander si un Premier

ministre est encore nécessaire. La

réponse est « oui ». Car la France n’a

pas l’expérience constitutionnelle des

Etats-Unis et, surtout, ses partis politiques

n’ont ni la souplesse ni le pragmatisme

qui permettent au Président

et au Congrès de gouverner par des

compromis permanents. Elle est encore

un pays de crispations et de tensions

qui justifient le maintien d’un Premier

ministre dans notre organisation constitutionnelle

: ce dernier peut être un

amortisseur de choc pour introduire

une temporisation.

En revanche, l’anomalie de l’article 20

doit être supprimée. Le Premier ministre,

à la tête d’un Conseil réduit à une

vingtaine de ministres, aura désormais

un rôle essentiel de coordination : ses

pouvoirs propres seront donc sensiblement

réduits. Quant au Gouvernement,

sa mission est de mettre en

oeuvre les choix présidentiels et d’y

affecter les moyens nécessaires avec

le concours du Parlement.

- Un Parlement de plein exercice : la

Constitution de 1958 a sensiblement

bridé l’activité parlementaire pour éviter

la toute puissance des chambres

sous la IVe République. Ces mécanismes

ne sont plus justifiés aujourd’hui :

ils maintiennent l’Assemblée nationale

et le Sénat dans une situation de dépendance,

indigne des démocraties modernes.

En outre, ils ont entretenu une culture

de la bienveillance, voire de la

duplicité, que le rappel à l’ordre des

investitures suffit à réveiller en cas de velléité

d’indépendance. Comment rétablir

le Parlement, lieu de débat et de

contrôle indispensable ?

La première mesure est l’institution, à

l’Assemblée Nationale, d’un mandat

unique. Etre député de la nation et diriger,

en même temps, un exécutif local

est une expérience passionnante. Mais

ce n’est plus le temps que nous vivons.

Nous sommes entrés dans une époque

plus exigeante et le redressement du

pays implique des députés à plein

temps pour faire la loi et contrôler l’action

du Gouvernement. En revanche,

le Sénat, qui représente les collectivités

territoriales de la République, peut légitimement

comprendre des élus locaux,

la règle du non-cumul ne le concernerait

donc pas de la même manière, sous

réserve que l’organisation de son travail

soit bien différenciée de celle de l’Assemblée.

La seconde série de mesures concerne

précisément le travail parlementaire :

non seulement, le Parlement doit retrouver

la maîtrise de son ordre du jour

mais aussi doivent disparaître les restrictions

actuelles au droit d’amendement

ainsi qu’aux modalités de votation

qui relèvent des seules assemblées

(suppression du 49-3 et du vote bloqué)

. Dans le même esprit, la capacité

d’expertise et d’information du Parlement

doit être renforcée par la

possibilité de s’adresser, directement

à divers institutions et organismes

(Conseil Economique et Social, Cour

des Comptes, Conseil d’Etat, INSEE…).

Ces modifications trouveront toute leur

mesure avec la modification de la loi électorale,

évoquée plus loin.

Ainsi, l’architecture constitutionnelle est

simple. Un Président, élu par le peuple

qui lui délègue sa confiance et qui gouverne

; un Conseil des ministres, réduit

en nombre, chargé de mettre en application

les choix présidentiels et de veiller

au quotidien ; un Parlement redevenu

espace de confrontation, faisant la loi et

évaluant la pertinence et l’efficience de

l’action publique ; enfin, une ouverture

de la saisine, par les citoyens, du

Conseil Constitutionnel, du CSA et des

autres autorités de régulation.

En tournant la page sur une République

usée, nous voulons donner à la France

la démocratie vivante dont elle a besoin.

DES INSTITUTIONS DE PROXIMITE

CLARIFIEES

Dans une société de confiance et

d’adhésion, l’action de l’Etat doit être

relayée par les institutions de proximité

que sont les collectivités territoriales.

Or, la seconde étape de la

décentralisation qui devait être la

“mère des réformes” n’a guère

convaincu, faute d’une évaluation professionnelle

d’une vision prospective

sur les divers niveaux d’administration,

de la commune jusqu’à l’Europe.

Aujourd’hui, la situation est confuse

pour le citoyen qui ne parvient pas à

savoir : qui fait quoi ? Elle est aussi

coûteuse : la multiplication désordonnée

des lieux de décision génère

des dépenses inutiles et des doublons.

Une réflexion sur la dimension

et la vocation des collectivités territoriales,

pour clarifier leur rôle, doit être

ouverte. Enfin, de nouvelles formes

de participation des citoyens à la

chose publique sont à inventer au

niveau local.

Globalement, la qualité des institutions

publiques (de l’Etat aux collectivités

de base) est primordiale : elle

influe largement sur le développement

économique, en favorisant l’esprit d’initiative

et le sens des responsabilités,

donc les possibilités d’adaptation

de la société.

- Contre le morcellement des compétences

:

Aujourd’hui, trop de compétences

sont partagées, indistinctement, entre

plusieurs niveaux de collectivités. Cela

résulte de l’attribution à la commune,

au département et à la région d’une

clause générale de compétences, calquée

sur la formule célèbre : « le

conseil règle par ses délibérations les

affaires … ». Il en résulte un enchevêtrement

dont les plus significatifs

sont l’action sociale, le logement, l’action

économique, la culture … Dans

ce désordre, le citoyen ne peut décoder

la responsabilité de chacun d’eux.

Une réorganisation, selon leur vocation

principale, est possible autour

des axes suivants :

- au couple commune – intercommunalité,

les compétences du cadre de

vie : urbanisme, transport, équipements

(scolaires, sociaux et sportifs)

de proximité ;

- au département, l’action sociale, l’aménagement

et la revitalisation du territoire

rural ;

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

14

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

- à la région, la planification, l’action

économique, la formation professionnelle

et le soutien à la recherche.

Dans ce schéma général, un mécanisme

de conventions (souple et

adapté à la diversité géographique

des entités concernées) permettra de

définir les objectifs poursuivis et de

préciser les conditions de leur mise

en oeuvre : ainsi, une communauté

urbaine de plus de 500 000 habitants

pourra revendiquer un champ de

responsabilités plus étendu qu’une

petite ville. De même, les départements

et les régions pourront s’impliquer

plus ou moins dans la gestion

d’équipements ou la déléguer, sous

leur contrôle, à des collectivités volontaires.

Plus qu’un grand jardin à la

française aux allées tirées au cordeau,

cet ensemble de conventions est le

meilleur moyen de s’adapter à un territoire

dont le maillage est inégal et

d’afficher, aux yeux de tous, un pilote

des actions.

- Une organisation évolutive : pourquoi

la stratification administrative que

nous connaissons serait-elle immuable

? Ce qui n’a pas été fait jusqu’ici,

faute de courage politique : le regroupement

des échelons, peut être

obtenu, dans le temps, par une

réforme progressive. Celle-ci devrait

concerner, prioritairement, trois chapitres

: la cohabitation région – département,

le rapport commune – intercommunalité,

la gouvernance de Paris

et de son agglomération, la refonte

de la loi PLM.

Dans les régions de petite superficie

(Alsace, Nord - Pas de Calais, Basse

et Haute – Normandie, Limousin …),

une incitation à l’élargissement est

nécessaire. Au-delà, une réorganisation

plus profonde est souhaitable

pour faire de la région une fédération

de départements.

Avec un territoire français à 90% couvert

par l’intercommunalité, des compétences

transférées de plus en plus

importantes, la question du mode de

représentation des élus communautaires

et donc leur légitimité est posée

comme est posée celle de l’élection

des délégués communautaires au suffrage

universel.

Parallèlement, on ne pourra faire l’économie

d’une réforme de la fiscalité

locale, injuste et archaïque, d’autant

plus nécessaire que 75 % des investissements

civils dans notre pays sont

pris en charge par les collectivités.

Pour nous, la décentralisation ne signifie

pas désengagement de l’Etat, elle

est un outil au service de la démocratie

de proximité. Ceci veut donc

dire que les transferts de compétence

qui correspondent à ce principe, doivent

être entièrement compensés par

l’Etat.

L’OUTRE-MER DANS SA DIVERSITE

L’Outre Mer français, dans sa diversité,

fait partie intégrante de la France,

par-delà les distances : c’est la France

des trois océans. Son ancrage dans

les institutions de la République a été

réaffirmé avec le soutien constant de

l’UDF.

Mais il ne faut pas que les inévitables

discussions sur les institutions soient

un alibi qui évite de s’attaquer au véritable

problème de développement de

ces départements et pays d’Outre

Mer. D’une part, la France ne peut

faire abstraction du problème de la

continuité territoriale et du maintien

du lien des ressortissants de métropole

avec leurs familles (transport,

communication). Par ailleurs, l’Outre

Mer est passé sans véritable transition

d’une « économie de plantations

» à une « économie de services ». De

plus, ces productions primaires

(banane, canne à sucre, fruits, fleurs,

etc.), intègrent des charges sociales

et salariales de pays développés. De

là, les problèmes de la concurrence

des pays environnants. Il faut donc

que l’Europe apporte un soin particulier

à soutenir autant que faire se

peut ces productions au nom du principe

de la préférence communautaire.

C’est d’ailleurs la même difficulté pour

le secteur tertiaire, en particulier le

secteur touristique.

Pour surmonter de telles contradictions,

il faut en outre développer de

nouveaux secteurs d’activité, et expérimenter

des formules originales de

développement, par exemple par le

moyen des zones franches. Il faut

aussi orienter l’économie vers des

produits à haute valeur ajoutée, et

notamment vers la qualité, et par des

efforts de recherche appliquée. De

même encore, l’Outre Mer français

doit devenir un véritable laboratoire,

voire même une vitrine de production,

de mise en oeuvre, voire d’exportation

des « énergies renouvelables », en raison

de sa richesse naturelle. Déjà,

près de 30% de l’électricité à la

Réunion et à la Guadeloupe est d’origine

solaire, éolienne, ou géothermique.

Il y a également de larges places

pour le développement des

biocarburants, à partir de la canne à

sucre ou des plantes énergétiques.

Enfin, l’Outre Mer doit demeurer un

pôle de rayonnement linguistique et

culturel de la France et de la francophonie

: c’est un grand enjeu pour la

nation. Avec la maîtrise d’importantes

zones maritimes ou des possibilités

d’accès à diverses matières premières,

ces départements et collectivités

d’Outre Mer sont des atouts géostratégiques

de premier ordre pour le

rôle international de la France, qu’elle

n’a pas encore assez valorisés. Ainsi,

loin d’être des reliquats du passé, des

« confettis de l’Empire », les Outre

Mer français sont des sociétés dynamiques,

qui préfigurent par leur diversité

culturelle le monde de demain.

UNE JUSTICE SEREINE ET EGALE

POUR TOUS

La justice remplit une mission de régulation

sociale irremplaçable : elle a

pour fonction de donner à la société

force et lien. Elle est le recours contre

les violations de la règle et l’ultime

rempart des plus faibles. C’est pourquoi,

la justice n’est pas un service

public comme les autres. La question

de son indépendance est liée à celle

des moyens qui lui sont accordés et

à celle du statut des magistrats. Si

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

15

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

l’affaire d’Outreau a un mérite, c’est

d’avoir permis à chaque Français d’en

prendre conscience.

Il faut donc ouvrir sans retard mais

conduire sans précipitation une

réforme constitutionnelle et législative

de notre justice. Il ne peut s’agir d’un

grand soir mais d’une évolution autour

de plusieurs axes complémentaires,

tous destinés à retrouver la confiance

et à fonder sur le respect mutuel les

relations avec le Parlement et le Gouvernement.

Sur le plan constitutionnel, la reconnaissance

de la mission de la justice

suppose d’abord une réforme de la

composition et de la présidence du

Conseil supérieur de la magistrature,

entamée puis abandonnée en route.

En même temps, la question du statut

du Garde des sceaux doit être réglée.

Il ne s’agit pas d’un ministre comme

les autres obéissant aux consignes partisanes,

mais d’une autorité dont l’impartialité

est de mise pour s’élever audessus

des contingences et des

pressions. Sa nomination, sur proposition

du Président de la République,

devrait recueillir une majorité qualifiée

particulièrement solennelle, par exemple

les deux tiers des députés et des

sénateurs. Chargé d’assurer l’indépendance

de la justice, ce Garde des

sceaux qui présidera le CSM, devra

animer un débat annuel, devant le Parlement,

sur la politique pénale et être

en lien avec le Gouvernement sur les

priorités et les moyens à y affecter.

- La justice pénale, qui suscite les propositions

les plus contrastées, doit

répondre à une question essentielle :

comment assurer les poursuites et

protéger la société, tout en garantissant

mieux les droits de la défense,

longtemps bafoués dans notre pays

prompt à proclamer des principes

mais moins enclin à les faire respecter

? Ainsi, il faut en finir avec la religion

de l’aveu et limiter de manière

drastique le recours et la durée de la

détention provisoire.

Les fonctions d’accusation et de jugement

sont profondément différentes

: autant dire que le dispositif actuel,

hybride, ne saurait être maintenu tel

quel. L’instruction est conduite, pour

la plus grande part par le parquet et,

pour les affaires les plus importantes

(moins de 8 %) par un juge censé

agir à charge et à décharge, ce qui

est une fiction. Ce partage a vécu.

Ou bien, l’instruction est intégralement

transférée au parquet, sous

condition alors d’en accroître les

garanties statutaires. Ou bien, elle est

confiée à une juge de l’instruction,

confirmé dans un rôle d’arbitre, que

l’accusation et la défense peuvent solliciter

à armes égales. Dans l’un ou

l’autre cas, se posera en termes nouveaux

la question de la relation avec

la police judiciaire.

Enfin la question de la séparation éventuelle

du parquet et du siège divise le

corps judiciaire : aussi, elle ne sera

tranchée par le Parlement qu’après

une concertation approfondie avec

les magistrats.

- Quant à la réflexion sur le rôle de la

prison, elle prendra la forme d’une

grande loi pénitentiaire, mise en

chantier mais hélas abandonnée, pour

faire le point sur la fonction et les modalités

de la peine et de la réinsertion des

détenus : elle sera inspirée par deux

axes majeurs : la ré-humanisation des

lieux d’emprisonnement et la recherche

de toutes les alternatives à la simple

détention, notamment pour les jeunes.

La lutte contre la récidive devra s’appuyer

sur trois règles : rendre obligatoire

l’exercice d’une activité pour

chaque prisonnier, interdire des « sorties

sèches » de prison et faciliter les

aménagements de peine, renforcer

des moyens affectés au suivi sociojudiciaire.

La priorité que l’on entend donner à

la question implique évidemment l’octroi

de moyens supplémentaires aussi

bien aux juridictions, qu’à la protection

judiciaire de la jeunesse et à l’administration

pénitentiaire, sans oublier

la revalorisation de l’aide juridictionnelle

de l’expertise et le financement,

aujourd’hui très insuffisant, des peines

alternatives à la prison. Non seulement,

toute réforme sera précédée

de l’évaluation des moyens nécessaires

à sa mise en oeuvre mais

encore une nouvelle loi de programmation

sera mise en chantier pour

inscrire dans la durée l’effort indispensable.

Un effort qui intéressera toute

la justice, notamment civile et prud’-

homale (80 % des contentieux), qui

souffre aujourd’hui d’un manque de

moyens avéré. Autant dire que cette

rénovation de l’institution exigera du

temps, celui qui sied à la fonction de

juger et qui a peu à voir avec le temps

médiatique, instantané et éphémère.

LA FRANCE

ENSEMBLE

A travers ses institutions, c’est donc bien la démocratie qu’il s’agit de vivifier. Celle-ci est pour nous une valeur. Il

convient donc de la protéger contre ce qui la menace : la confiscation du pouvoir et la désaffection qui en résulte.

La loi électorale sera donc changée. Un scrutin mixte (pour partie majoritaire, pour partie proportionnel) permettra

de combiner le principe de représentation de toutes les familles politiques avec la nécessaire clarté gouvernementale.

Un seuil fixé à 5 % des voix évitera l’atomisation. A la différence du scrutin actuel aussi injuste que déformant,

le nouveau élargira le spectre démocratique et garantira la représentation des territoires.

La reconnaissance du vote blanc s’inscrit dans la même perspective : il a un sens que l’on ne peut feindre d’ignorer.

Peut-être, faudra-t-il franchir un pas supplémentaire avec le vote obligatoire ? Le débat doit être ouvert car le

but de la démocratie est de porter au plus haut degré le niveau de conscience sociale (Marc Sangnier).

DEMOCRATIE

16

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

LA FRANCE

ENSEMBLE

UNE VERITABLE DEMOCRATIE

Pour renouer le lien entre la société civile et ses institutions publiques

Une 6ème République (adoptée par référendum)

- assurant l’équilibre des pouvoirs : un Président responsable, un Parlement assurant

pleinement sa double fonction de législateur et de contrôle

- consolidant la démocratie et défendant le pluralisme

- garantissant l’impartialité de l’Etat et l’indépendance du pouvoir judiciaire

Une décentralisation clarifiée

- qui mette fin au morcellement des compétences et simplifie notre organisation administrative

- qui ne soit pas un désengagement financier de l’Etat mais un système de proximité

et de subsidiarité au service de nos concitoyens

L’outre-mer dans sa diversité

- des institutions adaptées

- des atouts culturels et économiques à valoriser

Une justice sereine et égale pour tous

- grâce à un Conseil supérieur de la magistrature rénové, un Garde des Sceaux indépendant

du Gouvernement

- une justice pénale qui assure tout à la fois la protection de la société et garantisse

les droits de la défense

- une loi pénitentiaire

- une loi de programmation afin de doter le service public de la Justice d’un budget

digne

DEMOCRATIE

17

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

LES FRANCAIS ONT-ILS

A CRAINDRE

LA MONDIALISATION

Bien qu’elle ne concerne qu’une partie

des activités humaines, la mondialisation

a été ressentie comme un

choc, en raison de son ampleur et de

sa rapidité. L’horizon naturel de la

science, de la technologie, de l’écologie

comme des marchés financiers

est désormais mondial : on le mesure

à l’accroissement des échanges, à la

perméabilité des frontières, à la vitesse

des informations parcourant la planète.

Une inquiétude collective est

donc légitime. Aux délocalisations, à

la perte d’emplois industriels, à la spécialisation

des territoires, s’ajoute le

sentiment de n’être plus acteur de

son destin.

Cependant, comme tout phénomène

complexe, la mondialisation présente

et des avantages et des inconvénients.

C’est une donnée, il faut s’y préparer.

Globalement bénéficiaire, la

France, en s’adaptant aux données

nouvelles, a plus à y gagner qu’à y

perdre. Premier producteur agricole,

deuxième producteur industriel en

Europe, elle est aujourd’hui le troisième

exportateur mondial de services.

Terre d’accueil des investissements

étrangers, elle est aussi le

deuxième investisseur à l’étranger,

après les Etats-Unis. Avec moins de

1 % de la population mondiale, fautil

rougir de n’être que la 5ème puissance

économique ?

DE NECESSAIRES REGULATIONS

Les dangers d’une mondialisation sans

contrôle sont bien réels. On l’a vu, en

1997, avec la crise asiatique et, plus

récemment, avec les scandales qui ont

touché les grandes firmes multinationales

(Enron, Worldcom, Vivendi). Les

excès du capitalisme sont ses pires

ennemis : la concurrence sans limite,

la recherche de profits sans rapport

avec la réalité économique, risquent de

« tuer le capitalisme » (Claude Bébéar)

et de réduire même les « fondements

de notre société (Alan Greenspan). Il

importe donc de mettre en place, à l’échelle

internationale et européenne, des

règles et des sanctions. Même si cette

régulation dépasse le cadre d’un seul

Etat, on en évoquera ici, brièvement,

les principaux aspects.

LA FRANCE

ENSEMBLE

CROISSANCE ET SOLIDARITE

Dans un environnement mondial en mutation rapide, la place de la France

va se jouer sur sa capacité à conjuguer croissance et solidarité. Quoi qu’on

en dise, les Français ont intégré ce challenge, ils reprochent précisément

aux gouvernants successifs de leur en cacher le sens et la portée.

Ainsi, une majorité de nos concitoyens sont favorables à l’économie de marché

dont ils reconnaissent l’efficacité en termes d’initiative, de concurrence,

de fixation des prix. Cependant, il s’agit pour eux d’un système économique

et non d’une fin en soi. Aussi, ils ne sont pas prêts à en accepter,

passivement, toutes les conséquences brutales. C’est pourquoi, ils souhaitent

la mise en oeuvre d’une solidarité effective qui permette de donner

sa chance à chacun et protège contre les grands risques de la vie. Cet

équilibre a bien fonctionné pendant 25 à 30 ans. Aujourd’hui, il patine. Et

c’est la jeunesse qui en est la première victime.

Mais la nostalgie n’est jamais une réponse. Ce n’est pas en regrettant la

passé mais en se tournant résolument vers l’avenir que nous trouverons

les ressources nécessaires pour alimenter une croissance économique

créatrice de richesse et de cohésion.

La croissance favorise la création d’emplois, la redistribution des revenus,

la réduction des inégalités. Sans elle, l’ascenseur social ne fonctionne

guère. Elle ouvre donc des perspectives de progrès. A condition

de s’inscrire, non dans une débauche de dépenses d’énergie et de pillage

des ressources naturelles mais dans un développement soutenable, au

service de l’homme et de la planète.

Ce nouveau modèle ne résultera ni d’une rupture avec le passé ni d’une

initiation servile d’autres pays : il sera le fruit d’une refondation, fidèle à

nos principes et adaptée aux défis d’aujourd’hui.

3

DEMOCRATIE

18

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

Le problème le plus préoccupant est

celui de la régulation des marchés

financiers. Sur les 1500 milliards de

dollars qui s’échangent chaque jour,

une petite part est consacrée au commerce

et aux autres transactions économiques

substantielles, la plupart

(95 %) va aux spéculations qu'alimentent

les « hedge funds » (produits

financiers sophistiqués) et la variation

des taux de change.

La gestion mondiale de l’environnement,

la réduction des inégalités entre

les plus riches et les plus pauvres sont

embryonnaires et erratiques, compromettant

la stabilité et l’équité. L’ouverture

des marchés et la libre circulation

des biens et des services,

rendue possible par l’abaissement

des barrières douanières et le développement

des techniques, ont stimulé

les processus de développement,

y compris dans les pays les plus

pauvres. Mais cette observation d’ordre

général cache des réalités

contrastées : si la Chine et l’Inde (dans

une moindre proportion) tirent leur

épingle du « jeu », l’Afrique sub-saharienne,

une partie de l’Europe orientale

et de l’Asie centrale continuent

de s’enfoncer. Dans ces régions, les

régulations de la mondialisation ne

suffiront pas : elles doivent bénéficier

d’un régime dérogatoire : prix stables

et équitables de leurs matières premières,

effacement des dettes, conditionnement

« démocratique » des

aides.

Quels mécanismes de contrôle et de

solidarité efficace mettre en oeuvre ?

Les organisations internationales sont

aujourd’hui balkanisées (OMC, FMI,

Banque Mondiale), chacune est investie

d’un domaine de compétence limité

et ne dispose que de moyens juridiques

et financiers réduits. Elles sont

en outre concurrencées par le G8 qui

tente, sans grand succès, de coordonner

les politiques des pays industrialisés.

La seule perspective motivante est le

renforcement de l’ONU (qui suppose

une mise à plat de ses règles de

fonctionnement) et l’affirmation d’un

espace politique européen (qui

implique l’adoption d’un nouveau

traité). L’un et l’autre sont, pour le

moment, hors d’atteinte, faute de

volonté commune. Mais le devoir de

la France est de contribuer à les rendre

possibles.

UN DEBAT SOCIAL MODERNISE

Le débat social, dans notre pays, est

indigent. Cela explique la revendication

récurrente d’un “Grenelle social”.

Comme si la réunion des partenaires

sociaux autour du Premier ministre

pouvait débloquer les crispations et

créer, comme par miracle, les conditions

d’un véritable dialogue, notoirement

insuffisant dans le secteur privé

comme dans la fonction publique.

Ce handicap résulte à la fois de l’incapacité

de dire clairement ce qui

relève du contrat et ce qui relève de

la loi et de la faible représentativité

des organisations syndicales. Le

temps de l’Etat-providence et du syndicalisme

de classe est révolu. Un

partenariat doit enfin s’engager. Cela

aurait sans doute évité la crise du

C.P.E. Nous croyons à l’instar de plusieurs

dirigeants syndicaux que la

démocratie sociale renforce la démocratie

politique. Cette idée n’a rien

d’extravagant : plusieurs de nos voisins

européens, à commencer par

l’Allemagne, n’ont pas cette « réticence

française » qui nous conduit

depuis trop longtemps à privilégier le

conflit par rapport au dialogue. Nous

proposons à cette fin trois séries de

mesures complémentaires :

- Un débat permanent : le partage de

l’information, la confrontation des

points de vue sont indispensables à la

préparation des esprits et à la prise

de décisions anticipatrices. Le Conseil

Economique et Social (dont la composition

mérite d’être corrigée) est le

cadre privilégié de ce débat permanent

comme en témoigne le travail

d’analyse et de synthèse qui s’y effectue.

Or, ces ressources remarquables

sont sous-utilisées; curieusement,

aucune relation avec le Parlement

n’est institutionnalisée. Nous suggérons

donc que l’Assemblée Nationale

et le Sénat puissent solliciter également

l’avis et l’expertise du Conseil

et que les commissions parlementaires

les intègrent à leurs réflexions. La

valorisation du C.E.S., qui regroupe

les forces vives de la nation, est de

loin préférable au foisonnement des

conseils, comités et autres organismes

aux noms divers dont les conclusions

sont discutables et les champs

de compétences excessivement parcellisés.

- Une reconnaissance syndicale : on

ne peut se glorifier de ne compter que

8% de salariés syndiqués. C’est évidemment

un aveu de faiblesse. C’est

pourquoi, il faut à la fois reconnaître et

encourager le fait syndical dans notre

pays. C’est, à défaut de certitude, la

condition d’une recherche de consensus

sur les priorités économiques et

sociales à mettre en oeuvre. Autour

de nous, plusieurs exemples positifs

peuvent nous inspirer : qu’il s’agisse

de l’Espagne qui, dans les année 80,

s’est engagée, avec le pacte de la

Moncloa, dans une rénovation de l’économie,

des Pays-Bas où la formation

des gouvernements s’accompagne

d’une réflexion avec les

partenaires sociaux ou, à l’extrême,

du Danemark qui confie à ces derniers

l’élaboration même du droit

social.

La revalorisation du fait syndical s’obtient

d’abord par un changement d’état

d’esprit et de méthode. Ce n’est

pas la cogestion (que personne ne

revendique plus) mais le partage de

l’information et l’association nécessaire

aux grandes décisions de la vie

de l’entreprise. Quelque signes positifs

peuvent y concourir : l’assouplissement

et l’actualisation des règles

de représentativité, l’octroi d’un financement

public transparent, l’organisation

d’élections professionnelles à

date régulière et selon des modalités

plus incitatives.

- Loi et contrat : il ne peut s’agir de l’un

ou de l’autre mais d’un bon équilibre

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

19

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

entre ce qui relève du législateur et

ce qui appartient aux partenaires

sociaux. Le code du travail fournit un

bon exemple de ce partage nécessaire.

Il est aujourd’hui un code de

procédures (inutilement complexe) et

non un code de principes (destiné à

organiser la vie des entreprises et à

protéger le salarié). Chacun convient

qu’un assouplissement est souhaitable,

pour revenir à l’esprit plus qu’aux

formes. On ne réussira l’exercice que

si le monde du travail et le Parlement

coopèrent pour établir le diagnostic

et les objectifs à atteindre : plus de

clarté, plus de justice pour l’employeur

et pour le salarié.

Ainsi, il appartient au législateur de

fixer les règles générales et aux partenaires

sociaux de les adapter aux

situations particulières. Ce partage

simple : loi – cadre / contrat vaut, dans

notre esprit, pour les aspects fondamentaux

de la vie professionnelle

(contrat de travail, assurance – chômage,

formation). Ainsi, il conduirait à

définir, par la voie législative, les principes

communs à un contrat de travail

universel à durée indéterminée et à

droits progressifs et par la voie d'accords,

les adaptations à chaque profession.

Il est aussi transposable à la

gestion des autres domaines de la

protection sociale (santé, retraite). Il

l’est évidement, s’agissant du « service

garanti » dans les transports afin de

concilier la défense des intérêts professionnels

et du droit de grève avec

l’intérêt général et le droit pour nos

concitoyens de bénéficier de la continuité

du service public.

LIBERER L'EMPLOI POUR

REDONNER DU POUVOIR

D’ACHAT AUX FRANCAIS

Dans le secteur marchand comme

dans le secteur non – marchand, il

existe un potentiel d’emplois insuffisamment

exploité, pour diverses raisons

: coût du travail, complexité d’une

réglementation non-sécurisante, mobilité

individuelle insuffisante, comportements

malthusiens, faible confiance

dans l’avenir, …Comme toujours le

diagnostic est partagé. Comment passer

au traitement du problème ?

- Multiplier le travail, non le diviser :

globalement, la quantité de travail fournie

dans notre pays est insuffisante, à

la fois pour faire reculer le chômage

et financer la protection sociale à

laquelle nous aspirons. Certes, on se

console en constatant que la productivité

par heure travaillée est élevée,

ce qui est flatteur pour nos salariés.

Mais, corrigé du taux d’emploi et de

la durée du travail, cet indice est illusoire.

Nous payons lourdement le

niveau du chômage, chez les jeunes

et les seniors, la réduction du temps

de travail et un départ en retraite plus

précoce que chez nos concurrents.

Il faut sortir de cette spirale malthusienne

dont les générations futures

seront les principales victimes.

La manière dont les 35 heures ont été

imposées à la société française a été

une faute, qui s’est payée en pouvoir

d’achat, en dépenses publiques, sans

apporter les créations d’emploi promises.

Mais de nombreux salariés ont

trouvé un nouvel équilibre de vie dans

cette organisation du temps de travail.

Il faut donc apporter à cette question

une réponse compréhensible et

sécurisante, pour que cette décision

ne soit pénalisable pour personne.

C’est pourquoi il faut qu’un nouveau

régime des heures supplémentaires

permette à chacun dans l’entreprise

de répondre librement à ses attentes.

L’UDF propose une augmentation de

la prime par heure supplémentaire,

pour toutes les entreprises quelle que

soit leur taille : nous proposons qu’elle

passe à 35%, mais qu’elle soit défalquée

des charges sociales, pour neutraliser

le coût de cette prime pour

l’entreprise. Par ailleurs, sur la question

du temps de travail, l’Etat doit

soutenir les négociations entre partenaires

sociaux à l’intérieur des branches,

et garantir qu’il fait confiance à

leurs accords.

- Transférer des charges pesant sur le

travail : cela va de pair avec l’adaptation

de sa durée aux réalités. En effet,

la solidarité nationale est, pour

l’essentiel, financée par le travail salarié.

C’est pénalisant et injuste. Il

convient donc de transférer une part

des cotisations pesant sur la masse

salariale vers d’autres marqueurs de

l’activité économique. Deux grandes

familles de propositions ont été formulées

: TVA sociale ou CSG, ou une

combinaison des deux. S’agissant de

la TVA sociale, il conviendra évidemment

de distinguer les produits soumis

à la concurrence internationale

de ceux qui relèvent de l’économie

de proximité. Dernière piste complémentaire

enfin, qui rejoint la nécessité

de penser notre fiscalité dans une

perspective de développement durable

: le transfert « symbolique » des

charges sociales sur les taxes sur les

énergies fossiles.

Il faut en débattre rapidement, sachant

que l’efficacité de la mesure sur la

création d’emplois suppose un transfert

significatif en volume (pour inciter

l’employeur à recruter) sans créer

d’insupportables distorsions ni entre

les entreprises ni entre les budgets

familiaux. Plus que l'augmentation brutale

du SMIC qui a des effets d'exclusion

sur les emplois peu qualifiés,

ce rééquilibrage est le seul moyen d'améliorer

durablement le niveau des

salaires dans notre pays.

Nous suggérons que ce transfert soit

accompagné d’une autre mesure,

destinée particulièrement au million

d’entreprises uni-personnelles : la possibilité

pour toutes les entreprises de

créer 2 emplois dont les charges

seront limitées à 10% (cotisations

retraite), ouverte pendant les cinq ans

à venir.

- Faire de la France un pays « proentreprise

» : le lieu de création de la

richesse, de l’emploi, le lieu de multiplication

de l’offre, de la conception,

de la recherche, de l’exploitation des

brevets, de la conquête de nouveaux

marchés, c’est l’entreprise. Reconnaître

et promouvoir l’entreprise,

l’esprit d’entreprise et l’entrepreneur

est au coeur de notre vision stratégique

pour l’économie française.

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

20

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

Aider l’entreprise, c’est d’abord lui

garantir la stabilité juridique et fiscale,

pour qu’elle puisse penser son avenir

dans le long terme, par exemple en

rendant le processus législatif plus

long, donnant le temps de la réflexion

publique, et obligeant la discussion

avec et entre les partenaires sociaux.

Aider l’entreprise, c’est revoir la formation

professionnelle avec les professionnels,

en la distinguant de la formation

académique. Bien des métiers

de l’entreprise pourront accueillir des

formations. Par ailleurs, dès l’école,

il faut insuffler l’esprit d’entreprise, par

les bases linguistiques, scientifiques,

juridiques, techniques.

- Un « Small Business Act » à la française

: depuis quinze ans, près de 2

millions d’emplois ont été créés chez

les PME. Celles-ci sont donc un élément

crucial du dynamisme économique.

Il faut l’encourager. Notre Small

Business Act est fondé sur la simplification

des contraintes administratives

et fiscales, du droit et des procédures

sociales ; sur une protection

fiscale pour les jeunes pousses ; sur

un accès aux marchés publics, en

réservant aux PME une part de ces

marchés, par exemple 20% du

volume total des grands marchés et la

totalité des marchés inférieurs par

exemple à 50 000 euros.

- Aider à la création : Les candidats à

la création d’entreprise sont nombreux

mais le nombre de ceux qui passent

à l’acte est encore inférieur en

France à ce qui se passe chez nos

voisins. L’effort doit porter principalement

sur les créations par les chômeurs,

qui représentent 1/3 du total.

L’aide mise en place mérite d’être sensiblement

améliorée. Elle viendrait en

soutien des initiatives prises par de

nombreuses institutions (dont l’ADIE)

pour le développement d’un véritable

micro-crédit, complémentaire du

réseau bancaire classique.

- Encourager les mutuelles et les

coopératives, antidotes à la financiarisation

: si les charges sociales et les

35 heures sont des facteurs de

délocalisation, la financiarisation des

entreprises exerce une pression croissante

sur ce mouvement. Les mutuelles

et les coopératives, adossées sur

des blocs d’actionnariat stable non

soumis à la tyrannie des marchés,

méritent donc d’être stimulées.

- Pour les jeunes sans qualification, il

sera créé un « contrat formation

emploi » grâce auquel l’entreprise se

verra rembourser les dépenses de

formation et d’accompagnement qu’elles

financeront.

- La formation professionnelle tout au

long de la vie est aujourd’hui mal

conçue. Elle constitue pourtant une

clé pour l’emploi, que nous devons

impérativement refonder et mieux utiliser.

Une information systématique et

compréhensible des mécanismes de

formation professionnelle sera instituée

pour tous les salariés qui bénéficieront

d’un compte épargne formation,

ouvert à tout moment, jusqu’à

douze mois de temps disponible, pour

la réalisation d’un projet personnel,

sans perte de salaire.

- La lutte contre les discriminations :

au travail plus encore que dans les

autres moments de la vie, les discriminations

à l’embauche ou dans l’emploi

sont particulièrement insupportables.

Les sanctions pénales existent

déjà, mais l’expérience montre que

c’est en amont qu’il faut agir, et qu’il

faut trouver d’autres moyens que le

seul arsenal répressif pour venir à bout

de cette situation. L’instauration du

CV anonyme que nous avons défendue,

présente un intérêt évident sous

réserve qu’elle soit évaluée régulièrement

pour mesurer son efficacité et

détecter ses éventuels effets pervers.

Dans les entreprises, les discriminations

ont une réalité : l’égalité professionnelle

hommes-femmes n’est toujours

pas la règle. Nous proposons

donc cette égalité professionnelle

fasse l’objet de « contrats d’objectifs

» dans le cadre de la négociation

annuelle obligatoire prévue par le code

du travail.

La conjugaison de ces dispositifs, qui

devront bénéficier d’une sécurité juridique

engageant l’Etat, vise deux

objectifs : la création de vrais emplois

assurant l’insertion durable de tous

par le travail et la hausse réelle du

pouvoir d’achat (les primes pour l’emploi

qui pèsent directement sur le budget

de l’Etat sont un artifice trompeur).

UNE SOLIDARITE REFONDEE

L’adaptation de la société française

implique une protection efficace contre

les grands risques et les aléas de la

vie (santé, chômage, pauvreté,

retraite) et un encouragement aux

familles. Or, si nous n’avons qu’une

seule certitude, c’est que les dépenses

à y consacrer vont augmenter.

Sous l’effet de causes parfaitement

identifiées : les progrès de la médecine,

l’aspiration au mieux-être, l’allongement

de la vie, le coût de la

dépendance et, en matière de retraite,

la détérioration du rapport actifs–retraités.

Pour autant, qui pourrait nier que

la performance d’un pays n’est pas

fonction de l’état de santé de ses habitants

? Qui oserait prétendre que l’évolution

démographique sonne le glas

de la retraite par répartition ? Il faut

accepter résolument que le haut

niveau de santé et la solidarité entre

les générations soient partie intégrante

de notre pacte social.

Dès lors, la question la plus cruciale

est celle du financement. Mais il faut

encore savoir ce qui relève de la solidarité

et de l'effort personnel. En

2006, le déficit des comptes sociaux

atteint déjà 11 milliards d’euros. Fait

récent, toutes les branches sont désormais

dans le rouge. Et les perspectives

pour 2020 ou 2040 sont

beaucoup plus inquiétantes. A l’exception

de la retraite pour laquelle une

demi- réforme a été réalisée, les réactions

des gouvernements successifs

ont consisté en des ajustements destinés

à limiter la dérive des coûts, avec

des résultats peu convaincants. Cette

technique de pilotage à vue est immorale

: elle reporte, en effet, sur les

générations à venir la dette et les

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

21

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

probables réductions de prestations

(« Comment nous avons ruiné nos

enfants », de P. Artus et M.P. Virard).

Il y a donc urgence à agir, pour que

nous assumions maintenant nos

responsabilités.

Rappelons que, globalement, les

dépenses de sécurité sociale sont

financées, pour les 2/3, par des cotisations

(patronales et salariales). En

tendance, la France s’est rapprochée

de la structure moyenne de

financement des pays de l’Union

Européenne : mais, elle continue de

mettre à contribution, plus que les autres,

les revenus du travail. Comme

on l’a vu précédemment, cette anomalie

handicape le développement de

l’emploi. Ayons le courage de dire

qu’indépendamment des économies

de gestion, et dans le contexte actuel,

le maintien souhaité et souhaitable

d’un haut niveau de protection sociale,

ne permettra pas une baisse rapide

des impôts.

- Achever la réforme des retraites :

malgré la réforme récente, nous sommes

au milieu du gué : seul un tiers du

besoin de financement a disparu à

l’horizon 2020. Poursuivre dans la voie

engagée implique la mise en oeuvre

pour tous d’une « retraite par points » :

c'est-à-dire un système de répartition

(applicable au public comme au privé)

qui permettrait ainsi de lisser les effets

de seuil et d’individualiser les choix

de départ et de donner plus de lisibilité

au système. Il serait complété par

une bonification (femmes ayant élevé

des enfants, métiers pénibles, travailleurs

décidant d’aller au-delà de

l’âge légal), tenant compte de la diversité

des situations. Le régime de base

sera géré paritairement.

Parallèlement, une retraite minimale

(égale à 75 % du SMIC) s’impose

immédiatement pour répondre au

besoin d’équité. Dans la même perspective,

la correction progressive

des inégalités non justifiées entre le

public et le privé (calcul de la retraite,

pension de reversion). Quant aux régimes

spéciaux, nous proposons leur

mise en extinction, les nouveaux

entrants étant soumis aux règles de

droit commun (retraite par points).

Aujourd’hui, l’âge moyen de départ

effectif à la retraite est de 59 ans,

contre 63 en Suède, 65 aux Etats-

Unis, 69 au Japon. On ne pourra supporter

encore longtemps ce décalage

qui prive le pays de ressources

(humaines et financières) et plombe

les générations nées après 1955.

- Régionaliser la santé : aujourd’hui,

chacun constate une évolution vers

une médecine à deux vitesses entre

ceux qui ont un bon carnet d’adresse,

ceux qui peuvent payer une bonne

complémentaire remboursant les

dépassements de certains, et tous les

autres, c’est-à-dire une grande partie

de la population. Sans une véritable

correction de trajectoire, nous allons

tout droit à la vérification permanente

de ce constat, car les difficultés s’accumulent

: la démographie médicale

livre à eux-mêmes des territoires ruraux

de plus en plus étendus, la permanence

des soins est très inégalement

assurée, le traitement des urgences

sature les hôpitaux. Certes, la France

a de bons soignants, son système est

performant pour le curatif. Mais, sa

gestion, sans répartition claire des

responsabilités et sans contrôle démocratique,

ne produit pas l’efficacité

collective attendue, notamment dans

le domaine de la prévention. Dans ces

conditions, l’ensemble des acteurs

publics et privés ressentent un mal –

être qu’aggravent les conditions

d’exercice, la perte de statut et la judiciarisation

de la médecine.

Face à un monde médical et

para–médical atomisé (diviser pour

mieux régner), l’architecture de la

santé doit être largement régionalisée

: c’est la condition de l’association

des acteurs et de leur responsabilisation

mais c’est également la

nécessité de réaliser une politique de

santé, partant des besoins évalués

sur le terrain de la proximité. Certes,

les objectifs et les priorités de la politique

sanitaire continueront de relever

du niveau national, car il appartient

à l’Etat de garantir l’égalité

d’accès aux soins et leur qualité et de

définir les priorités de la politique sanitaire

et de la recherche. Mais, l’échelon

régional est le plus adéquat

pour effectuer une régulation efficace.

Ainsi, une Agence Régionale de Santé

(ARS), dont la compétence sera étendue

à la prévention et à la médecine

de ville comme à la formation des professionnels

de santé, gérera des

enveloppes réparties en fonction des

caractéristiques et des besoins sanitaires

de la population concernée. Elle

comportera un conseil d’administration

ouvert à des élus régionaux et à des

représentants des financeurs. A ses

côtés, un Conseil Régional de Santé

regroupera les soignants, les gestionnaires

de caisses et les associations

d’usagers. Son rôle portera

notamment sur l’évaluation des

besoins et d’adéquation de l’offre de

soins. Il sera en outre investi d’un pouvoir

de contrôle de l’exécutif régional.

La santé est l’une des préoccupations

majeures de nos concitoyens. Pour y

répondre, il faut une approche humaniste

et non technocratique, reposant

sur les principes de clarté et de

responsabilité.

- Reconnaître et soutenir les familles :

la politique familiale est un ensemble,

elle ne se réduit pas à la juxtaposition

d’allocations et de prestations. En premier

lieu, la démographie, en France

et en Europe, demeure l’une des clés

de l’avenir de nos sociétés : avec un

taux de fécondité de 1,9, notre pays

fait moins mal que les autres mais il

n’assure pas le renouvellement des

générations qui se situe à 2,1. En

second lieu, la famille est l’espace

irremplaçable de la transmission des

valeurs et des règles de la vie en commun,

de l’apprentissage progressif

de la liberté, de l’épanouissement de

la personnalité de l’enfant, dans l’acceptation

des différences, par la prise

de conscience de ses propres limites.

Aussi, le soutien à la parentalité,

c'est-à-dire au devoir d’éducation et

de solidarité est l’un des objectifs

essentiels d’une politique de cohésion

sociale : on ne dira jamais assez

les dégâts provoqués par la démission

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

22

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

des parents et par les divorces

conflictuels.

Les efforts à entreprendre pour améliorer

les conditions de vie des familles

portent prioritairement sur deux

aspects :

- La multiplication et la diversification

des structures d’accueil de la petite

enfance, justifiées par le taux d’activité

féminine, un des plus élevés d’Europe.

Quelques pistes : développement

des crèches en entreprise, revalorisation

du statut des assistantes

maternelles ; transformation de la

réduction d’impôt en crédit d’impôt

familiarisé afin qu’il puisse bénéficier

aux familles non imposables…

- Les nouveaux couples : depuis son

adoption en 1999, le PACS a été l’objet

de plusieurs corrections qui ont

permis de réduire son incertitude juridique.

Il faut aller plus loin afin de

garantir l’égalité des droits successoraux,

sociaux et fiscaux à tous ceux

qui vivent en couple (contrat d’union

civile). Quant à l’adoption par les couples

homosexuels, nous ne sommes

pas favorables à l’adoption d’un enfant

par deux hommes ou deux femmes,

mais nous pensons que lorsqu’un

enfant est élevé exclusivement par un

couple homosexuel (il y en a environ

30 000 en France), il faut reconnaître

le lien d’éducation qui l’attache au

deuxième « parent », par exemple par

l’utilisation de l’adoption simple.

- L’amélioration de l'accès au logement

que le renchérissement du coût

d’acquisition et du loyer compromet

de plus en plus, notamment dans les

grandes villes. Le droit à un logement

décent doit devenir effectif, à l’horizon

de la législature. Plusieurs outils

devront être exploités afin de faciliter

la construction de logements et l’accession

à la propriété : déductibilité

fiscale des intérêts d’emprunt, relance

du mécanisme de location-attribution,

régionalisation de la contribution des

entreprises de logement, renforcement

de la sécurité des bailleurs et

des locataires…

S’agissant du logement social, l’obligation

de construction de logements

sociaux dans les communes sera

maintenue. Il faut cependant aller plus

loin : tous les programmes immobiliers,

à partir d’une certain dimension,

devront comprendre au moins 20%

de leur surface en logements sociaux.

C’est un premier pas vers plus de

mixité sociale, sous réserve que celleci

fonctionne dans les deux sens :

pourquoi ne pas envisager que des

logements pour les populations non

défavorisées soient également prévus

dans les programmes de construction

ou de réhabilitation de logements

sociaux ? Allons plus loin : en

cas de carence ou de mauvaise

volonté des élus locaux, le préfet pourrait

se substituer au maire pendant

une durée déterminée dans l’attribution

des permis de construire. Favoriser

les parcours résidentiels et la

mobilité dans les logements sociaux,

c’est poser la question de la modulation

des loyers en fonction de la situation

financière des locataires (supplément

de loyer de solidarité).

Ce dispositif resserré n’est qu’une

partie de la réponse. Il faut évidement

répondre au plus urgent, c'est-à-dire

aux situations de grande détresse que

vivent les sans domicile fixe. On sait

que plus d’un tiers des SDF travaillent

(ils sont 100 000) mais qu’ils ne peuvent

accéder à un logement même

social car les structures d’accueil sont

saturées : il y a donc quelque chose

qui ne tourne pas rond. Le droit au

logement est d’abord fait pour eux : en

cinq ans nous devrons donc ouvrir

vingt mille logements « ultra-sociaux »

par an.

Reflet de la société, les familles ellesmêmes

évoluent (naissances hors -

mariage, familles monoparentales ou

recomposées …). Aussi toute tentative

de revenir à la famille traditionnelle

ou de définir une famille idéale

serait vaine. Dans toutes les formes

nouvelles qu’elle prend, il est important

d’aider les parents à jouer leur

rôle, en sachant que l’intérêt supérieur

est celui de l’enfant.

Enfin, la France doit relever deux défis

majeurs : le vieillissement de sa population

et la prise en charge du handicap.

- La dépendance : sa prise en charge

est le grand défi des années à venir.

Elle procède tout à la fois de l’évolution

des solidarités familiales et de l’organisation

de notre système de soins.

Il faut donc faire évoluer au même

rythme ces deux dispositifs « complémentaires

». Outre le développement

des services en appui ou en

relais des familles, dans lequel les collectivités

locales devront prendre une

part active, plusieurs leviers devront

être utilisés : promotion de l’assurance-

dépendance pour les personnes

âgées peu dépendantes mais peu

solvables ; adaptation préventive des

logements grâce à des aides fiscales

; augmentation de la réduction

d’impôt pour les dépenses afférentes

à la dépendance.

- Le handicap sans handicap : 30 ans

de législation ont permis d’améliorer

la situation des personnes handicapées

en terme de scolarisation, d’accessibilité

aux logements, aux espaces

publics et aux transports, et

d’emploi. Mais cette intégration reste

inachevée. Elle entraîne encore des

exclusions injustifiées et des discriminations

choquantes dans tous les

domaines de la vie sociale. Il faut donc

poursuivre l’effort engagé afin que le

handicap ne soit plus un handicap.

Plusieurs volets de l’action publique

devront être réformés : le régime des

aides et de la fiscalité doit être revu

dans le sens d’une plus grande égalité

de traitement. Pour ceux qui ne

peuvent pas travailler, le montant de

l’allocation adulte handicapé sera progressivement

réévalué afin d’atteindre

le montant du SMIC. La durée du

congé de maternité, du congé parental

et de la période d’activité à temps

partiel sera allongée pour les parents

ayant un enfant handicapé. Ces engagements

prendront la forme d’une

grande loi sur l’insertion des handicapés,

qui portera également sur les

conditions d’accès à l’école et à l’emploi,

et sur la mise en oeuvre d’une

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

23

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

allocation sociale universelle par

points, cumulable et dégressive avec

le retour à l’emploi. L’idée est de

rassembler et d’unifier toutes les

prestations aujourd’hui éclatées et

gérées par des organismes différents

en une seule allocation, versée par un

seul organisme.

LA FRANCE

ENSEMBLE

Générer une croissance forte et durable, capable à la fois de créer des emplois, d’améliorer le pouvoir d’achat et

de financer la solidarité et la protection sociale, telle est l’équation à résoudre. Elle ne peut l’être à coups de mesures

conjoncturelles, de réformes de structures ajournées sine die, de traites tirées sur les générations futures. Certes,

la France évolue, comme les autres, dans un ensemble de contraintes. Mais comme le faisait déjà remarquer

Tocqueville, dans ce vaste cercle, subsiste une large part de la liberté. C'est à nous d'en user.

CROISSANCE ET SOLIDARITE

Dans un environnement mondial en mutation rapide, la place de la France va se jouer

sur sa capacité à conjuguer croissance et solidarité

Une mondialisation régulée

- renforcement de l’ONU seule instance internationale disposant de l’audience nécessaire

pour réguler les marchés financiers, assurer une gestion mondiale de l’environnement

et traiter de la pauvreté et des inégalités nord-sud

Un débat social modernisé

- renforcement de la démocratie sociale et des syndicats

Libérer l’emploi

- multiplier le travail et augmenter le pouvoir d’achat : assouplissement des 35 heures

(heures supplémentaires à charges égales)

-transfert des charges pesant sur le travail : TVA sociale ou CSG ou combinaison

des deux, fiscalité sur les énergies fossiles

- aide à la création d’entreprise

- small business act à la française pour les PME

- contrat formation emploi pour les jeunes

- compte épargne formation

- lutte contre les discriminations à l’embauche et dans les entreprises

Une solidarité refondée

- mise en oeuvre de la retraite par points dans le privé et le public ; extinction progressive

des régimes spéciaux ; retraite minimale

- régionalisation du pilotage du système de santé associant les acteurs au plus près

du terrain, dans un cadre national garantissant l’égalité d’accès aux soins et la définition

de la politique sanitaire et de la recherche

- soutien à la parentalité et au devoir d’éducation : diversification des structures d’accueil

des jeunes enfants ; accès au logement amélioré ; construction de logements

sociaux et très sociaux amplifiée

- reconnaissance du contrat d’union civile

- anticipation des grands défis de la dépendance

- le handicap sans handicap

DEMOCRATIE

24

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

L'ECOLE DE LA REUSSITE

Beaucoup se joue à l’école. C’est là

que se forgent les apprentissages fondamentaux,

sous la conduite d’un maître

et au contact des autres élèves.

C’est dire toute l’importance qu’elle

mérite, même si elle ne peut, à elle

seule, corriger toutes les faiblesses,

toutes les dérives de la société. Mais

on peut lui demander de les réduire

pour donner sa chance à chaque

enfant.

- l’école est une institution : sa mission

est de transmettre le savoir, de

faire comprendre les valeurs de la

République, bref de procurer à

chaque élève la boîte à outils qui en

fera un homme libre. En cela, elle est

une institution qui s’appuie sur une

LA FRANCE

ENSEMBLE

4

INVESTISSEMENTS POUR L’AVENIR

Education, recherche, culture

Si nous étions condamnés à ne conserver qu’une seule idée, ce serait celle-ci : l’investissement

dans la formation, le progrès des connaissances, la culture est vital pour l’avenir de

notre société. C’est lui qui est le plus à même de favoriser son adaptation, son efficacité économique

et, en même temps, sa cohésion. De la maternelle au Collège de France, des

amphis aux laboratoires, des bibliothèques aux musées et aux théâtres, c’est notre responsabilité

nationale qui est engagée.

C’est d’abord dans l’élaboration et dans la transmission du savoir que la France s’est construite,

de la Renaissance à aujourd’hui. Mais, désormais, tous les pays du monde jouent

leur avenir dans ce domaine. La mondialisation nous place dans une situation de défi les

uns par rapport aux autres et la clé est bien l’innovation, sous toutes ses formes. A titre

d’exemple, rappelons-nous que Tony Blair, en 1995, avait défini ainsi ses priorités : éducation,

éducation, éducation. A quoi son opposant conservateur avait réplique, avec humour,

que ses priorités étaient les mêmes, mais dans ordre différent !

La compréhension du monde, les découvertes, les brevets, les transferts de technologie, mais

aussi le jugement critique qui est la condition de notre liberté définissent l’attractivité de nos

territoires : ils permettront, de plus en plus, de fixer sur notre sol les entreprises, les emplois,

les capitaux, les centres de décision et de recherche. C’est ce que l’Europe avait appelé

dans la stratégie de Lisbonne (2000-2010) l’ « économie de la connaissance », hélas assez

largement en panne aujourd’hui.

Après la domination de l’industrie manufacturière, les vecteurs du développement sont désormais

l’informatique, la finance, la communication, les télécommunications, mais aussi

les biotechnologies et les industries de l’environnement. Déjà, la santé est devenue une

activité stratégique, dont le poids ne cessera de croître en terme de valeur financière et de

bien-être des populations. L’emploi culturel, au sens large, est plus nombreux que celui de

l’industrie automobile.

Or, dans tous les domaines, la France ne semble pas avoir fait les bons choix. A partir des

années 60, un décrochage, par rapport au peloton de tête, se produit. Notre école n’assure

plus aussi bien la transmission du patrimoine culturel et des règles qui fondaient le lien

social, elle n’est plus perçue aussi nettement comme un outil de promotion. L’enseignement

supérieur a surmonté le défi du nombre mais pas celui de la qualité, on a préféré investir

sur les collèges et les lycées que sur les universités. La recherche publique à laquelle de

Gaulle avait donné une forte impulsion a vécu sur ses acquis et une partie des jeunes chercheurs

s’exile. Enfin, la place de l’artiste, dans la société, fait l’objet de grands discours

mais a du mal à se traduire en actes, comme le montre le malaise éprouvé par les intermittents

du spectacle.

Il n’y a pas d’autres choix que d’investir, puissamment et dans la durée, dans ces domainesclé.

A travers eux, qui ne voit d’ailleurs que le principal bénéficiaire en sera la jeunesse ?

DEMOCRATIE

25

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

hiérarchie (celui qui sait et celui qui

apprend) et sur des règles (le respect

de l’autre, la fraternité). L’école n’est

donc pas un lieu comme les autres, un

espace banal pratiquant la confusion

des genres et la spontanéité. A fortiori,

la violence ne saurait donc y

pénétrer.

C’est donc l’autorité du professeur et

la discipline qu’il faut restaurer. Or,

celles-ci ont été mises à mal, depuis

quelques décennies, sans qu’on en

mesure les effets dévastateurs. L’école

a été l’objet d’une critique radicale,

lui reprochant d’assurer la domination

d’une classe et la reproduction

d’une élite alors qu’elle pensait être

au service de la démocratisation de

la société et des valeurs universelles.

Elle a subi aussi les contrecoups d’un

pédagogisme naïf prétendant que les

savoirs ne se transmettent pas mais

sont découverts par l’élève lui-même.

L’institution, accablée de toutes parts,

s’en est trouvée « délégitimée » (René

Rémond), perdant une part de l’estime

qu’on lui portait.

- le socle des connaissances : chaque

année, 150 000 élèves quittent l’école

sans aucun diplôme du secondaire

(CAP, BEP ou baccalauréat).

Cela représente 20 % d’une classe

d’âge, un jeune sur 5. On ne peut

admettre un tel échec scolaire. Pourtant,

la durée de la scolarisation n’a

cessé de s’allonger : entre 1975 et

2000, elle a gagné 3 ans ! Dans le

même temps hélas, avec les JAPD,

on dénombre une masse incompressible

de jeunes de 18 ans éprouvant

des difficultés à maîtriser la langue

française.

Certes, notre système éducatif obtient,

avec les bons élèves, d’excellents

résultats. Mais, sans sacrifier ces

dons, l’école doit aussi donner leur

chance à ceux dont le parcours est

plus lent et parfois chaotique. L’objectif

que nous lui fixons est de diviser

par deux l’échec scolaire et de

multiplier par deux la réussite. Cet

immense effort développera la créativité

de la nation entière, le bénéfice

en sera largement partagé.

Pour y parvenir, la première condition

est que soit défini un socle de connaissances

intangibles, fait de la maîtrise

de la langue, orale et écrite, des outils

mathématiques, enfin d’un bagage

culturel permettant de comprendre le

monde et d’échanger avec les autres

(histoire, géographie, langue étrangère,

notions scientifiques de base et

informatique). La seconde est de vérifier

qu’avant l’entrée au collège,

chaque élève sache lire, écrire et

compter. Laisser entrer en 6ème un

enfant qui ne possède pas ces

apprentissages fondamentaux, c’est

de la non-assistance à élève en danger.

Cela implique qu’on puisse proposer

à ceux qui n’y sont pas encore

parvenus un soutien et un suivi adaptés.

Autant dire que la suppression de la

carte scolaire n’est pas, pour nous, à

l’ordre du jour. Notre objectif est tout

autre : l’implantation de classes d’excellence

dans les zones les plus fragiles

parce que le principe d’égalité

des chances ne se fractionne pas en

fonction des territoires ou des numéros

des départements ! De même,

retrouver un collège paisible, garantissant

l’égalité des chances ne sera

possible qu’avec un encadrement, en

éducateurs, psychologues et surveillants

nettement renforcé. Mais il

faut aussi répondre au cas de violences

extrêmes : à ces élèves-là, il faut

des réponses pédagogiques et d’autorité

qui ne peuvent pas être apportées

dans le cadre normal du collège

classique. Ces élèves ont besoin

d’une réponse scolaire et d’une

réponse sociale : ils doivent être dirigés

vers des internats ou des collèges

hors les murs afin de bénéficier d’un

encadrement renforcé par des éducateurs

et des psychologues.

La médecine scolaire, parent pauvre

de l’éducation nationale, verra sa présence

accrue au sein des établissements.

L’allocation de ces moyens

supplémentaires devra se faire sur

une base fortement sélective, en fonction

des caractéristiques de la population

scolaire concernée et non,

comme cela se pratique aujourd’hui

dans les ZEP, à dose homéopathique.

Ces intervenants (qui pourront être,

pour partie, des volontaires dans le

cadre de l’activité universelle ou du

service civique que nous proposons)

sont plus importants à nos yeux que

l’introduction de policiers dans les collèges

ou les lycées qui serait déjà un

aveu d’échec. Quant au sport, qui

favorise le développement des aptitudes

des élèves, qui est aussi un

instrument d’intégration et de socialisation,

inutile de souligner qu’il a

besoin d’être valorisé et développé.

Pour assurer la réussite de tous les

jeunes, la communauté éducative a

besoin de savoir où elle va. Elle a

besoin de « rassurance » pour

emprunter l’expression à Robert

Rochefort. C’est dans la durée qu’il

faut donc inscrire ses missions, sur

la base de contrats d’objectifs.

UN ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ET UNE RECHERCHE

D’EXCELLENCE :

Enseignement supérieur et recherche

sont deux aspects indissociables

d’une politique de formation et d’innovation

de qualité. Les pays les plus

avancés l’ont bien compris, qui leur

consacrent d’importants efforts. Investir

dans l’un et dans l’autre est d’autant

plus justifié qu’il existe, en ces

domaines, une compétition mondiale.

Qu’on le veuille ou non, qu’on en

conteste ou non les critères d’appréciation,

le classement effectué par l’université

de Shanghai permet de situer

l’enseignement supérieur français dan

son environnement international (dans

le classement de 2006, la 1ère université

française est à la 45ème place).

L’université française dispose de plusieurs

atouts : le bon maillage du territoire,

la qualité de ses enseignants,

le potentiel de créativité de ses jeunes

équipes. Mais ils sont contrariés

par des handicaps lourds :

- une insuffisance de moyens : la

France investit plus sur ses lycées

que sur ses étudiants, à parité de

pouvoir d’achat, elle pointe au bas

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

26

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

de l’échelle des pays de l’OCDE

avec 9 276 dollars contre plus de

15 000 en Suède ou plus de

20 000 aux Etats-Unis ;

- un échec élevé en première année

(moins de 50 % passe le cap),

conséquence d’une orientation mal

organisée et d’un afflux vers des

filières à faibles débouchés. La

France est ainsi un des pays de

l’OCDE où le nombre de diplômés

du supérieur est parmi les plus

modestes. L’entrée en faculté est

libre mais s’y produit une cruelle

sélection par l’échec, qui frappe

d’abord les couches sociales défavorisées.

Nos propositions s’inscrivent, non

dans la fausse querelle universités –

grandes écoles ou dans l’improbable

sélection à l’entrée, mais dans la perspective

d’une stimulante diversité

des intelligences et d'une orientation

plus efficace.

La classe de terminale, originalité française,

est la clé du passage vers l’enseignement

supérieur et de l’accès à

l’autonomie. Elle devrait marquer,

moins la fin des études secondaires,

que l’amorce des études supérieures.

Cela impose une profonde transformation

des méthodes : une découverte

du travail moins encadré, une

initiation aux recherches personnelles,

une ouverture à la discussion et

à la synthèse. En somme, une propédeutique,

préparatoire à un enseignement

plus approfondi, une année

consacrée moins à emmagasiner des

connaissances qu’à apprendre à les

utiliser.

La rupture actuelle, trop brutale, entre

le lycée et la faculté serait, dans ces

conditions, bien atténuée. Le semestre

d’orientation, dont il est fait aujourd’hui

un usage inégal selon les établissements,

prendrait alors un autre

sens : un changement de voie serait

ressenti, non comme un échec, mais

comme la recherche progressive

d’une adaptation à une discipline différente.

Elle s’accompagnera en effet

d’une information plus complète et

plus transparente sur les débouchés

professionnels et sur le contenu des

enseignements dispensés. Demander

aux universités de décrire les parcours

des étudiants qu’elles

accueillent (origine du bac, taux d’échec

et de redoublement, entrée dans

la vie active…) et le faire de manière

accessible à tous (un site internet)

réduira sensiblement le gâchis constaté

et aboutira à des choix personnels

plus motivés.

Quant aux conditions de vie et de travail

des étudiants, elles seront améliorées

sous trois aspects essentiels

à nos yeux : l’accès au logement et

au transport d’une part, le niveau des

bourses d’autre part, l’amplitude

horaire des bibliothèques enfin. Plus

qu’une allocation ponctuelle versée à

un petit nombre (80 000 sur 2,1

millions), c’est l’ensemble des aides

qu’il importe de revoir, en volume et en

niveau. Les classes moyennes en profitent

moins que les extrêmes, les plus

pauvres ou les plus riches.

Enfin, sans avoir à ouvrir la boîte de

Pandore d’une nouvelle réforme législative

(nous sommes résolument

contre la remise en cause du statut

national des diplômes), la gouvernance

des universités peut-être sensiblement

améliorée. A la pluralité des

lieux de décision, à la coexistence de

légitimités distinctes, il faut substituer

une équipe de direction renforcée, un

président légitimé, un encadrement

des ressources plus moderne, une

culture de l’évaluation. A l’attribution

des dotations mécanique et frisant

l’absurde (nombre d’inscrits, surface

en m

de moyens plus diversifiée et

plus incitatrice, pour encourager les

innovations plus que le statu quo. Par

exemple, récompenser les universités

qui assurent un véritable suivi scolaire

et professionnel de leurs étudiants.

Ce « bonus » aurait un effet

d’entraînement immédiat et combien

utile. La coopération inter-universitaire

sera également encouragée afin de

procurer à nos universités une « force

de frappe » leur permettant de

concourir avec une meilleure efficacité

à l’international.

Il convient aussi de s’interroger sur le

renforcement des partenariats entre

les universités et les grandes écoles.

Dans cette perspective, la recherche,

encore trop peu développée dans les

grandes écoles, pourrait contribuer à

la mobilité des jeunes chercheurs et

ainsi diversifier notre élite républicaine.

- la recherche, partie intégrante de l’enseignement

supérieur est la clé des

découvertes et de l’adaptation des

sociétés aux défis nouveaux. Or, la

recherche française s’enfonce lentement

dans la crise : manque de visibilité

et de moyens, désertion par ses

meilleurs jeunes, déclin du nombre de

brevets et de publications. Comme le

souligne Elie Cohen, malgré quelques

îlots de prospérité, la France devient

peu à peu un « pays d’imitation »dont la

croissance dépend de technologies

mises au point ailleurs. Dans son rapport

de 2005, la Cour des comptes

établit qu’entre 1998 et 2001, la dotation

par enseignant – chercheur a perdu,

en valeur constante, 25 %. Si l’irruption

des chercheurs dans le débat

public ces dernières années a un mérite,

c’est celui d’avoir attiré l’attention de

l’opinion sur des enjeux qui se mesurent

à 10 ou 20 ans.

La réforme récente n’est malheureusement

à la hauteur ni des attentes ni

des besoins. Elle favorise l’éclatement

du paysage institutionnel, sans poser

les principes fondateurs d’une véritable

politique. Qui pilote la recherche

dans notre pays, qui en assure la

cohérence ? La dualité des grands

organismes (CNRS, INSERM,

INRA,…) et des universités n’est pas

traitée. Enfin, les moyens alloués,

contraints par Bercy, sont insuffisants.

Pour nous, la question centrale est

celle des jeunes chercheurs. Un véritable

parcours, non seulement vers

les laboratoires mais aussi vers les

entreprises, doit être organisé, si l’on

veut éviter la fuite ou le gaspillage d’énergie.

Outre les allocations, dont le

montant trop modeste doit être régulièrement

augmenté, la création,

indispensable, de postes stables ne

saurait être oubliée.

2), il faut aussi substituer une allocation

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

27

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

Au-delà de la question des structures,

importante certes mais pas première,

c’est l’effort de programmation

des moyens financiers et humains qui

rétablira notre recherche comme l’une

des meilleures du monde. Aujourd’-

hui, la part de la recherche dans le

PIB stagne à 2,2 %, en net retrait par

rapport aux grandes puissances,

Chine comprise : il faut tendre, dans

les 5 ans, vers 3 %. Quant à la recherche

privée, chroniquement faible,

notamment dans les PME-PMI, une

incitation fiscale plus significative devra

être développée.

Nous croyons, parce que cette question

est décisive pour l’avenir de notre

pays, qu’il faut poser les termes d’un

pacte national trans-partisan, visant à

une augmentation régulière du budget

de la recherche de l’ordre de 5%

par an sur dix ans.

Enfin, au moment où se mettent en

place des pôles (recherche et enseignement

supérieur, compétitivité), l’Etat

ne doit pas assister, passivement au

mouvement. C’est à lui d’inciter à la

coopération, voir au rapprochement sur

la base de projets fédérateurs. A lui de

« pousser, contre les particularismes et

les corporatismes, aux évolutions nécessaires

» (rapport Camdessus), à l’image

des expériences réussies (Grenoble,

Rennes, Strasbourg, …).

UNE CULTURE D'OUVERTURE

Malraux insistait à juste titre sur la

nécessité d’ouvrir la culture, sous toutes

ses formes, au plus grand nombre.

C’est un moyen de comprendre

le monde et de le remettre en question.

Car la culture est, à la fois, transmission

et rupture. Transmission des

savoirs composant notre patrimoine

littéraire et artistique, souvent qualifié,

pour faire simple, de « classique ».

Mais aussi rupture des conventions,

saut dans l’inconnu, provocation excitant

la curiosité et le désir. Héritage

et mouvement, on a besoin de l’un et

de l’autre, alternativement.

L’irruption des « intermittents du spectacle

», au coeur des festivals de l’été

2003, a montré la solidité du lien entre

la nation et ses artistes. Mais ce capital

de sympathie ne suffit pas. C’est

la place de la culture dans notre

société qu’il faut définir et assurer.

Dans un équilibre subtil entre la liberté

de création et la pluralité des financements,

publics et privés. En même

temps, ce sont 400 000 emplois qui

sont en jeu, témoignant ainsi de l’importance

du secteur culturel au sens

large, du spectacle vivant aux arts de

la rue et du cirque en passant par le

cinéma et l’audiovisuel.

Les propositions de l’UDF s’inspirent

de la conception d’une culture de l’ouverture,

de l’émulation, et de l’échange

qui contribue à construire une identité

vivante, à l’opposé du repliement

sur soi.

- assurer le développement de l’emploi

culturel à travers une loi de programme

sur le spectacle vivant et une

répartition complémentaire des rôles

entre l’Etat et les collectivités territoriales.

Cette décentralisation culturelle

n’a pas pour but de faire disparaître

de la scène le ministère de la

culture mais de lui confier un rôle de

garant des grands équilibres et, le cas

échéant, de sanction des dérives toujours

possibles (comme on peut le

voir en Languedoc-Roussillon) ;

- consacrer la singularité de l’intermittence

du spectacle, par un régime

équitable et durable tel que l’exprime

la proposition de loi aujourd’hui signée

par une majorité de députés de tous

bords et qu'un Parlement libre aurait

déjà votée ;

- valoriser la patrimoine linguistique

français, en classant nos langues

comme « trésors nationaux » et en ratifiant

la Charte européenne des langues

régionales ;

- assurer le pluralisme dans les

médias, par une extension de la mission

du CSA à la presse écrite et une

garantie d’autonomie entre les propriétaires

et l’Etat. Le CSA verra ses

compétences et ses moyens renforcés.

La nomination de ses membres

sera effectuée de manière trans-partisane,

et validée par un vote du Parlement

à la majorité des deux tiers.

Une loi devra garantir la séparation

effective des pouvoirs politique, économique

et médiatique et assurer dans

un même temps le pluralisme et la

diversité de l’offre nationale et régionale

dans la presse écrite.

- repenser le service public audiovisuel,

afin qu’il ne soit pas une pâle

imitation des chaîne privées.

- garantir l’accès de tous aux nouvelles

technologies, ce qui signifie la couverture

de l’ensemble du territoire

national mais aussi trouver un meilleur

équilibre entre la création artistique

(qui doit être protégée) et le droit à la

copie privée (pour un usage personnel

ou familial) : une évaluation indépendante

de la récente loi DADVSI

est à cet égard indispensable.

Mais dans un environnement ouvert

et mondialisé, le droit et l’accès à la

culture constituent évidemment un

enjeu international. Facteur d’épanouissement

et d’enrichissement de

l’individu, la culture doit donc échapper

aux règles habituelles du marché.

Nous militerons pour donner à la culture

un nouveau cadre juridique international

contraignant sur la diversité et

les échanges culturels qui échappe

à l’OMC. Au niveau européen, notre

priorité sera de défendre auprès de

nos partenaires européens l’application

du taux réduit de TVA à 5,5% sur

l’ensemble des produits culturels, en

particulier le disque et la vidéo.

LA FRANCE

ENSEMBLE

Dans les sociétés qui ont tendance à se marchandiser, il est des biens qui doivent échapper à une approche exclusivement

économique. L’éducation, la recherche, la culture sont de ceux-là. Ce sont des investissements pour l’avenir,

des actes de confiance dans l’homme.

DEMOCRATIE

28

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

LA FRANCE

ENSEMBLE

INVESTISSEMENTS POUR L’AVENIR

Si nous étions condamnés à ne conserver qu’une seule idée, ce serait celle-ci : l’investissement

dans la formation, le progrès des connaissances, la culture

L’école de la réussite

- restauration de l’autorité du professeur et de la discipline

- diviser par deux l’échec scolaire : tous les enfants qui entrent en sixième doivent

savoir lire, écrire et compter

- définir un socle des connaissances intangible

- exclure la violence de l’école : présence de volontaires (activité universelle ou service

civique ; création de collège hors les murs pour le élèves violents

- classes d’excellence implantées sur tout le territoire

Un enseignement supérieur

- lutte contre l’échec : semestre d’orientation ; information renforcée

- augmentation du niveau des bourses

- amélioration de la gouvernance des universités

Une recherche d’excellence

- porter la part de la recherche à 3% du PIB

- augmenter de 5% le budget de la recherche, chaque année sur la base d’un pacte

national trans-partisan

- assurer aux jeunes chercheurs un véritable parcours

- augmenter les allocations

Une culture d’ouverture

- assurer le développement de l’emploi culturel

- consacrer la singularité de l’intermittence du spectacle

- valoriser le patrimoine linguistique

- assurer le pluralisme des médias et repenser le service public de l’audiovisuel

- garantir l’accès de tous aux nouvelles technologies

- offrir à la culture un nouveau cadre juridique international

DEMOCRATIE

29

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

LA POLITIQUE INTERNATIONALE DE

LA FRANCE A BESOIN D'UN CHANGEMENT

DE MÉTHODE

Le premier, d'ordre institutionnel,

concerne la conduite de la politique

étrangère de notre pays. Le principe

d'un « domaine réservé » est d'un autre

âge. Il est certes légitime que le Président

ait un rôle d'impulsion et assume,

en cette matière, une responsabilité

majeure en raison de son élection. Mais

la politique étrangère ne saurait être

interdite à ceux qui représentent aussi

le peuple. Aussi, nous souhaitons que,

chaque année, un discours sur l'état

du monde soit prononcé par le Président

et donne lieu à un débat et, le cas

échéant, au vote d'une résolution exprimant

les orientations du Parlement.

Comme on l'a vu avec les frontières de

l'Europe et l'adhésion de la Turquie, le

dessaisissement parlementaire a provoqué

dans l'opinion une frustration

durable.

Le second, d'ordre philosophique, touche

aux principes qui inspirent l'action

de la France dans le monde. La démocratie

n'est pas un luxe de pays riches,

elle est la condition du développement

et de la paix. Cela exige que l'aide internationale

à laquelle nous participons

soit conditionnée au respect des droits

de l'homme et à des élections libres. Il

faut donc tourner la page sur une politique

africaine qui a trop souvent composé

avec des dictateurs aux petits

pieds.

Dans la complexité et la brutalité du

monde qui nous entoure, le projet européen

n'est pas seulement un idéal. Pour

nous qui le soutenons depuis l'origine

par conviction, comme pour les réalistes

sensibles au seul rapport des forces,

c'est une nécessité. Il n'est pas un sujet

de notre avenir national qui puisse trouver

une réponse durable sans la dimension

européenne : croissance et compétitivité,

environnement et énergie,

agriculture, recherche...

Nous sommes aussi conscients que l’avenir

de la planète dépendra du rôle que

l’Europe acceptera de tenir dans les

affaires du monde. Les appels à cet

égard nous viennent de l’extérieur et de

l’intérieur de l’Union Européenne. De

l’extérieur où l’hégémonie de la superpuissance

américaine est de plus en

plus contestée et où l’Europe est appelée

à prendre dans la construction d’un

monde multipolaire la place que lui imposent

sa puissance économique et son

héritage historique. De l’intérieur où les

citoyens européens sont de plus en plus

nombreux à souhaiter une Europe active,

promouvant de façon responsable sur

la scène internationale, la paix, la stabilité

et la sécurité.

Nous savons que le nouvel environnement

stratégique se caractérise, d’une

part, par les diverses facettes du terrorisme

international, la multiplication

des conflits, l’effritement des régimes

existants de contrôle des armements

et les risques de prolifération des armes

de destruction massive d’autre part,

par l’évolution d’une Amérique dont les

intérêts se tournent davantage vers l’Asie

que vers l’Europe et qui se contente

de mettre 8 % de ses forces à la disposition

de l’Alliance atlantique. Il faut dès

lors nous demander comment et avec

quels moyens l’Europe peut réagir et

trouver les réponses pour garantir la

sécurité de son territoire et de sa population

et contribuer à la stabilité de son

environnement stratégique.

L’UDF ne croit cela possible que par

le développement d’une politique étrangère

et de sécurité commune qui permette

à l’Europe de ne pas rester tributaire

d’une autre puissance, même

amie. Il s’agit de mettre en oeuvre une

défense européenne capable d’agir

ensemble sur tous les théâtres éventuels

d’opération, d’échanger des renseignements

sans être à la remorque

d’un tiers, de coordonner nos recherches

et nos fabrications. Nous sommes

plus nombreux que les américains

et au moins aussi créatifs, il n’y a aucune

raison de renoncer au devoir d’assurer

l’indépendance et l’intégrité de notre

continent.

Nous savons aussi que la sécurité de

l’Europe dépendra de la façon dont elle

aura su régler, par la coordination de

ses politiques, les problèmes que lui

pose l’immigration. Il ne servirait à rien

de s’enfermer en effet dans une forteresse

qui aurait vocation, comme toutes

les forteresses, à être assiégée.

.

LA FRANCE

ENSEMBLE

LA FRANCE DANS LE MONDE

ET DANS l'EUROPE

Depuis l'écroulement du mur de Berlin, l'environnement international a

beaucoup changé : effacement de la menace soviétique qui avait longtemps

cimenté le camp occidental, élargissement de l'Europe à des pays

privés de liberté, émergence de nouveaux géants (la Chine, l'Inde) qui viendront

bientôt contester la puissance américaine, apparition de nouvelles

formes d'affrontement (identitaires, ethniques, religieux) plus cruelles

encore et frappant indistinctement les populations civiles.

DEMOCRATIE

30

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

COMMENT MAÎTRISER CE PHÉNOMÈNE

SUR UN TERRITOIRE DE LIBRE

CIRCULATION DES HOMMES ?

- L'immigration : il faut construire une

politique commune de visas, de lutte

contre l'immigration clandestine mais

aussi, corollaire indispensable, de codéveloppement

avec les pays d'origine.

Avant d’accueillir une nouvelle maind’oeuvre

étrangère, il faut d’abord offrir

leur chance aux millions d’exclus qui,

aujourd’hui, désespèrent de retrouver

leur place et leur dignité dans les pays

européens. L' « immigration choisie »

est au mieux un slogan, au pire un

leurre. Nous lui préférons une politique

d’échanges équilibrés.

Sans attendre la mise en place de cette

politique européenne, nous avons

besoin de mieux coordonner les services

concernés, aujourd’hui éclatés

entre plusieurs ministères. Nous y

gagnerions en lisibilité et en efficacité,

c’est-à-dire en vision prospective.

La politique nationale d’immigration

s’adresse d’abord aux pays d’émigration

: nous devons la bâtir pour

partie avec eux, sur des principes clairs

et certains : la maîtrise de l’immigration

clandestine, en métropole et peut-être

plus encore dans les Dom-Tom, qui doit

être assortie de réponses rapides ; la

lutte contre les filières et les trafics d’êtres

humains ; la lutte contre le travail

clandestin ; la mise en oeuvre de partenariats

et d’accord de coopération

avec les pays concernés qui dépassent

la seule logique des subventions,

qui se préoccupent d’abord des femmes

et des hommes, qui facilitent les

aller-retour et associent les diasporas.

Elle doit également s’accompagner

d’une intégration réelle : un contrat

d’intégration c'est bien, il y a encore

mieux : un programme d’intégration. Il

doit porter sur deux aspects : la langue

française, et les valeurs de société qui

sont les nôtres.

- Une nouvelle politique agricole commune

: notre ligne politique est de changer

de politique agricole. Nous voulons

qu’elle soit à nouveau fondée sur les

prix et non plus sur les aides, qui déstabilisent

le marché, découragent les

producteurs et font artificiellement monter

les prix pour les consommateurs.

La politique agricole devra répondre à

la triple exigence de la sécurité des

approvisionnements en produits sains,

des conduites protectrices de l’environnement

et le choix d’un tissu dense

d’agriculteurs au sein d’un monde rural

vivant. A court terme, seront privilégiés

la défense de la diversité, la gestion des

risques, l’organisation des professions

et des interprofessions pour équilibrer

la puissance des centrales d’achat, la

simplification et l’harmonisation des

labels, la définition de contrats d’objectifs

par filière, la simplification des

contraintes administratives et réglementaires,

la clarification des rémunérations

des fonctions non productives

de l’agriculture, et le développement

d’une grande politique de recherche

française et européenne dans le

domaine des biocarburants, des biomatériaux,

de la chimie du végétal, des

biotechnologies et du génome. Nous

rendrons, en liaison avec nos partenaires

européens, la PAC plus équitable

et plus juste. Cela passera par la

création de nouveaux outils de promotion

et de valorisation des productions,

mais également par l’augmentation de

la contribution des Etats-membres. Les

OGM enfin puisque ce sujet appartient

déjà, qu’on le veuille ou non, à notre

réalité quotidienne. La recherche doit

s’appuyer sur trois principes clairs : son

développement, dans un cadre sécurisé

et contrôlé respectant le principe de

précaution ; le droit à l’information et à

la transparence pour les consommateurs

; le principe de responsabilité

enfin, qui suppose une réflexion sur la

mise en place d’un régime d’assurance

des cultures et la définition claire des

droits et devoirs des producteurs.

L'Europe est bien un moyen pour

écrire l'avenir, non pour le subir. Or

elle est en panne depuis que l'on a

décidé de l'élargir avant de réformer

ses institutions. Nous savions au printemps

2005 qu'il n'y avait pas de

« plan B ». Les Français le constatent

cruellement. Les égoïsmes nationaux

reprennent le dessus, le scepticisme

gagne la Commission elle-même qui se

contente de gérer un illusoire statu quo.

Nous ne nous résignons pas au déclin

possible du plus beau rêve politique du

XXe siècle. La présidence allemande

au 1er janvier 2007 puis la présidence

française au 1er juillet 2008 sont deux

occasions de relancer la construction

européenne sur des bases plus démocratiques

:

- un nouveau traité constitutionnel : les

européens attendent un projet de

société qui fonde un espace organisé,

un pôle de stabilité et d'équilibre, non

un marché ouvert à tous vents. C'est

pourquoi, nous souhaitons que soit

réécrit un texte simple et cohérent qui

pose les principes d’une organisation

efficace et démocratique et qui définisse

la vocation de l'Europe. Aujourd’hui,

après l’échec du référendum, l’Union

européenne élargie fonctionne

toujours avec des institutions communautaires

inadaptées, malmenées par

des forces centrifuges, par des propensions

au repli national, qui conduisent

inévitablement au démantèlement

de l’ensemble.

La consolidation de ces instances qui

incarnent la double légitimité européenne,

le Parlement européen pour

les peuples, le Conseil européen et le

Conseil des Ministres pour les Etats,

est donc plus que jamais à l’ordre du

jour.

Il convient d’abord de consolider la

démocratie européenne en étendant la

procédure de codécision Parlement-

Conseil, à tous les domaines qui relèvent

de la compétence de l’Union. Il

convient ensuite de conforter le Conseil

des ministres afin de faciliter le processus

de décision, mis à mal par les

traités de Nice et d’Amsterdam. Cet

objectif rend nécessaire l’abandon de

la règle de l’unanimité qui paralyse

encore trop souvent l’action européenne

dans des domaines stratégiques. Il

nécessite également la mise en oeuvre

d’un système de votation à la double

majorité Etats-population (la décision

est acquise lorsqu’elle recueille l’accord

d’une majorité d’Etats représentant

une majorité de la population) afin

LA FRANCE

ENSEMBLE

DEMOCRATIE

31

SUPPLÉMENT “LA FRANCE ENSEMBLE”

d’assurer aux grands pays un poids

décisionnel correspondant à leur taille

démographique. Autre réforme

indispensable, la remise en cause de

la rotation accélérée (six mois !) de la

présidence du Conseil au profit d’une

durée plus raisonnable (18 mois ou

deux ans), afin d’assurer une continuité

de l’action comme sa meilleure lisibilité.

Cette réforme devra s’accompagner

de la création d’un poste de ministre

des affaires étrangères de l’Union,

disposant d’une compétence regroupant

les domaines économique et politique,

et assurant à l’Europe la cohérence

de sa politique extérieure et sa

visibilité à l’égard des pays tiers.

Reste la Commission européenne, gardienne

des traités, qui dispose du pouvoir

d’initiative et d’exécution. Sa composition

: un Etat, un commissaire,

constitue la négation même des principes

qui ont gouvernés sa création.

Comment imaginer longtemps que

cette institution, photographie exacte,

presque caricaturale, des pays qui compose

l’Union, puisse s’affranchir des

intérêts nationaux alors même qu’elle

a vocation à incarner l’intérêt européen

qui ne saurait être l’addition de 25 points

de vue. Pour recouvrer sa cohérence,

la Commission doit couper le « cordon

ombilical ». Il n’y a pas d’autre voie que

celle de la limitation du nombre de commissaires,

doublée de la remise en

cause du sacro-saint principe de l'égalité

absolue entre les Etats membres.

Mais, les institutions européennes -

comme toutes les institutions d’ailleurs

- ne sont qu’un instrument au service

d’une idée et d’une ambition. Expression

politique de peuples et d’Etats,

l’Europe est avant tout l’adhésion à une

civilisation et à des valeurs communes.

Cette affirmation de principe rend déraisonnable

un élargissement à tous les

pays partenaires ou limitrophes de l’Union

européenne. Sauf à changer la

nature de l’Europe ! Ceux qui, comme

l’UDF, ont toujours pensé l’Europe

comme un espace politique cohérent

récusent évidemment cette option. L’adhésion

de la Turquie à l’Europe ne peut

s’apprécier que dans ce cadre. Inutile

de souligner que nous la refusons au

profit d’un accord de coopération, seule

perspective de nature à prémunir l’Europe

d’un délitement inévitable.

Ce projet de traité constitutionnel, nous

proposons de le soumettre à référendum

le même jour que l’élection des

députés au Parlement européen (2009).

- un agenda de travail public : le calendrier

de travail des institutions européennes

doit être rendu public pour

permettre une perception claire des

enjeux. Six mois avant, sera annoncée

toute décision en préparation, les ministres

devront rendre compte aux parlementaires

des conseils européens.

Ainsi, l'opinion connaîtra mieux les circuits

européens qui lui paraissent aujourd'hui

mystérieux et les gouvernements

ne pourront plus comme ils le font trop

souvent se cacher derrière leurs petits

doigts.

- une association des parlements nationaux

: le mécanisme de consultation

du Parlement, amélioré ces dernières

années, n'est guère satisfaisant, le

pouvoir de suggestion et de correction

demeure limité. La réussite de

l'Union suppose pourtant l'adhésion

des élus nationaux. C'est pourquoi,

nous proposons leur association aux

décisions européennes plus en amont,

au moment où s'en dessinent les prémices.

LA FRANCE

ENSEMBLE

L’Europe est une oeuvre inachevée, même si le chemin parcouru depuis Jean Monnet et Robert Schuman dans la

voie de la réconciliation et de la solidarité entre les peuples est considérable. Elle est, à ce titre, fragile. Si les égoïsmes

nationaux ou les seuls intérêts financiers prenaient le dessus, on pourrait détricoter, morceau par morceau,

l’ensemble patiemment édifié jusqu’ici : le marché unique, l’euro, la politique agricole commune, les fonds de cohésion

ne sont pas des acquis irréversibles.

Nous avons donc conscience que l'Europe va jouer sa dernière chance. Celle-ci dépend en grande partie des pays

qui ont accepté de s'unir dans l'euro. Elle dépend aussi de la France et de la volonté de ses futurs gouvernants.

Est-il encore besoin de souligner l'importance du rendez-vous électoral du printemps prochain ? Nous avons besoin

d’un futur Président qui soit un européen de conviction.

LA FRANCE DANS LE MONDE ET DANS L’EUROPE

Dans la complexité et la brutalité du monde qui nous entoure, le projet européen n'est pas

seulement un idéal. Pour nous qui le soutenons depuis l'origine par conviction, comme pour

les réalistes sensibles au seul rapport des forces, c'est une nécessité.

Relations internationales

- suppression du domaine réservé

- conditionnement de l’aide publique au respect de la démocratie

:

L’Union européenne

- élever au niveau européen les questions de défense et d’immigration

- réformer la PAC pour la fonder sur les prix et l’inscrire dans une perspective de développement

durable

- promouvoir l’adoption par référendum d’un nouveau traité institutionnel visant à doter l’Europe

de plus d’efficacité et de la rendre plus démocratique

- assurer la transparence du débat européen et associer les parlements nationaux

:

LA FRANCE

ENSEMBLE

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3 mars 2007

francois bayrou


il est un bon candidat

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